Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Antonio Salieri
Né à Legnago en 1750, Antonio Salieri se passionne très tôt pour la musique dont son frère aîné lui apprend les bases. En 1766, il accompagne à Vienne le compositeur Florian Gassmann qui le prend sous son aile et complète sa formation. Présenté à l'empereur Joseph II, son ascension va être rapide et plusieurs de ses opéras vont connaître un grand succès en Autriche et ailleurs. Contemporain de Mozart ou encore de Haydn, représentant du classicisme du dernier quart du XVIIIe siècle, il va enseigner à quelques compositeurs importants du siècle suivant.

C'est bien mignon de regarder ou lire toutes ces fictions dans lesquelles Antonio Salieri est, ici un vilain tourmenté en lutte contre Dieu, là un loup stressé à l'idée de perdre son travail, quand il n'est pas dommage collatéral dans une sombre affaire d'espionnage, bellâtre persuadé à raison que Mozart est une femme parce que le contraire impliquerait qu'il ait une attirance homosexuelle pour le Salzbourgeois ou encore un emo dont la lecture des partitions de son rival provoque des fantasmes masochistes (oui j'ai finalement vu Mozart l'Opéra Rock...j'arriverais peut-être à en parler un jour); on rigole mais pour connaitre le vrai Salieri, rien ne remplace une bonne biographie.

Celle de référence, Antonio Salieri and Viennese Opera de John A. Rice, n'est malheureusement plus rééditée et pas trouvable au format poche ou numérique, il y en a eu plusieurs en allemand non traduites. Heureusement, la collection Horizons chez Bleu Nuit propose des biographies de compositeurs divers et variés, dont une de Salieri (d'où l'article, on s'en doute), signée par Marc Vignal, musicologue spécialiste notamment de Haydn qui se penche ici sur l'un de ses contemporains. Le principe de la collection est de retracer la vie et la carrière d'un compositeur en moins de 200 pages, avec des illustrations, une chronologie mettant en parallèle les étapes de la vie du sujet et le contexte historique et culturel, une discographie sélective (ici très complète par rapport à ce qui était disponible à l'époque de la publication)... Cette monographie remplit à merveille sa fonction: de manière synthétique et en allant à l'essentiel, Vignal retrace la vie du compositeur, résume ses opéras les plus emblématiques et en fait ressortir ce qu'il y a de digne d'intérêt, parle de l'accueil plus ou moins favorable, décrit la dernière partie de carrière tournée vers l'enseignement avec quelques élèves prestigieux d'où la seule composition notable sera les Variations sur les Folies d'Espagne, variations orchestrales ce qui était original voire inédit à l'époque. Grand âge aussi consacré à la révision de ses opéras, révisions à faire parfois pâlir George Lucas. On n'est pas là pour s'éparpiller en racontant de pittoresques anecdotes à la véracité douteuse ou spéculer sur les potins comme la relation exacte entre Salieri et la Cavalieri. Bien sûr, il est forcément question de Mozart, ici les frictions éventuelles semblent plus venir de la parano du père et du fils et d'un manque de compréhension de Wolfgang, lors de son arrivée à Vienne, de comment les choses se passaient. Quant à l'intérêt de Salieri à prendre part à des cabales, il est vite balayé. De ce fait, quand dans les dernières pages on aborde les médisances et les accusations proférées à l'encontre du compositeur, il n'est pas nécessaire de les démonter point par point. Elles illustrent la manière dont, des décennies après le décès de Mozart, on mettait déjà en scène sa vie et sa disparition et comment certaines idées étaient déjà bien ancrées sans être remises en question.

Pas d'exploration non plus de la psychologie de Salieri: ses actions, quelques fragments d'une correspondance qui n'a rien d'intime et les témoignages de gens l'ayant côtoyé sont là pour que l'on se fasse une petite idée de son caractère.

Avec clarté et concision, Antonio Salieri dresse un panorama assez complet de la vie et de l’œuvre du plus viennois des compositeurs italiens, et remet les pendules à l'heure pour qui s'intéresse au bonhomme après une plongée dans les fictions les plus déjantées.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 5 Septembre 2024, 22:14bouillonnant dans le chaudron "Littérature".