La Grande-Bretagne est entrée en guerre et même si le village de Darrowby est épargné par les bombardements, les conséquences du conflit commencent à se ressentir. Avec Tristan mobilisé, le cabinet de Siegfried Farnon est débordé. L'arrivée d'un nouvel assistant, Richard Carmody, devrait y remédier mais elle exige un effort d'adaptation pour tout le monde.

La série adaptée librement de l'expérience romancée du vétérinaire James Herriot dans les Yorkshire Dales montre un quotidien tumultueux où les soins des protagonistes aux animaux d'élevage sont indispensables pour la survie des paysans du cru mais où l'on ne néglige pas pour autant l'attachement moins productif mais tout aussi fort aux compagnons domestiques. Pourtant, aussi mouvementée soit cette existence, la série elle-même est un petit cocon routinier. La tragédie peut surgir car les braves bêtes ne survivent pas systématiquement, la vie personnelle des membres du cabinet Farnon n'est pas exempte de blessures mais on finit toujours la saison le sourire aux lèvres et l'espoir au cœur, d'autant plus qu'on conclut sur un épisode de Noël forcément propice aux envolées de bons sentiments et à l'esprit de réconciliation si le moindre conflit pointe.

En terme de conflit, il y en a un mondial qui éclatait enfin la saison précédente. Darrowby est retiré, les vétérinaires présents ne sont pas enrôlés d'urgence car leur métier est indispensable à la bonne marche de la production de nourriture qui sert indirectement les troupes mais l'on sent tout de même un petit changement: quelques unes de journaux évoquent les mauvaises nouvelles du front, des recrues font escale avant d'être acheminés vers leurs postes de combat et surtout, Tristan est absent cette saison. Bien qu'il soit évoqué, on ne s'attarde pas outre mesure à pleurer sur lui et j'avoue que ce départ ne me déplait pas. Le personnage a muri depuis les débuts de la série mais en enchaînant The Durrells et All Creatures Great and Small, il est difficile de ne pas avoir l'impression que Callum Woodhouse tourne en rond dans ses personnages et par ricochet son interprétation.

Entre en scène Richard Carmody, interprété par James Anthony-Rose. Le jeune homme est calé en théorie mais manque d'expérience sur le terrain et surtout de tact face aux paysans ou à la châtelaine Mrs Pumphrey. Ses débuts sont difficiles puisqu'il est successivement dans le collimateur de James qui a peur de se voir évincé, de Siegfried toujours bourru surtout quand il faut s'adapter à un nouveau venu, et enfin de Mrs Pumphrey qui a ses exigences envers ses animaux de compagnie hyper-chouchoutés dont la mascotte Tricky. À la fois godiche et un peu trop campé dans ses certitudes, Richard va accumuler les gaffes mais aussi prouver ses compétences aussi il amène un apport à la saison en se démarquant d'un Tristan plus inconséquent en apparence mais aussi davantage habitué à la vie à Darrowby et au caractère de son frère aîné.

Richard n'est pas le seul à avoir du pain sur la planche cette saison. Helen doit gérer sa grossesse alors que James est sur le départ et intègre la RAF dans le dernier épisode. Il trouve le moyen de réapparaître pour Noël mais la question se pose en cas d'éventuelle saison 5: aura-t-on une ellipse temporelle ou le personnage principal va-t-il passer momentanément à l'arrière-plan, trop de permissions risquant de paraître peu vraisemblables? Mrs Hall a aussi son choix à faire alors qu'elle entrevoit la possibilité de quitter Darrowby avec Gerald mais de ce côté-là, on maintient sans grande surprise un statu-quo confortable.

All Creatures Great and Small continue tranquillement d'être le rendez-vous bon enfant de dernier trimestre et même la Seconde Guerre Mondiale ne plonge pas ce petit univers dans le chaos. Une cinquième saison reste à confirmer mais la popularité des quatre premières ne semble pas se démentir et il sera intéressant de voir s'il y aura de nouvelles dynamiques entrainées par une présence moins grande de Herriot ou si l'on restera toujours sur la même ligne.