Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Carnaval des Âmes
Rescapée d'un terrible accident de voiture, Mary déménage dans une petite ville de l'Utah où elle a décroché un poste d'organiste dans une église. Elle est poursuivie par des visions d'un homme inquiétant et attirée inexplicablement par un ancien parc d'attraction désaffecté.

On ne mesure peut-être pas toujours l'importance des séries B, ces films dont les circonstances de production et de diffusion n'ont il me semble pas d'équivalent aujourd'hui puisqu'il ne s'agit pas simplement d’œuvres à petit-budget. Elles étaient généralement projetées au cinéma en première partie de programme, avant le film que les spectateurs venaient voir en priorité mais il arrivait que l'amuse-gueule ait davantage d'intérêt que le plat principal. Ainsi, Le Carnaval des Âmes, bien qu'il ait peu fait de vagues lors de sa sortie (dans une version de 78 minutes, celle que j'ai vu et qui est d'ailleurs libre de droits et disponible un peu partout gratuitement sur le net, contre l'intégrale d'1h30) a eu une influence chez Romero pour La Nuit des Morts-Vivants et David Lynch, excusez du peu.

Le film lui-même est sous influence d'ailleurs. Assez vite, je me suis fait la réflexion que l'ambiance avait un petit côté La Quatrième Dimension et pour cause, le scénario est similaire à l'épisode L'Auto-stoppeur réalisé deux ans plus tôt. Quatre fois plus long, le film développe son personnage principal intrigant. Avant même le drame fondateur, Mary apparait en décalage avec son entourage: elle est visiblement la seule à ne pas goûter la course qui ouvre l'histoire, sans que l'on sache si elle est simplement plus responsable que son entourage ou si elle a un mauvais pressentiment. Le décalage ne fera que s'accentuer par la suite. Organiste dans une église, elle n'a pas l'air pieuse sans être délurée pour autant. Elle reste distante vis-à-vis d'un colocataire trop entreprenant tout en cherchant sa compagnie. Elle est attirée par un bâtiment à l'abandon alors qu'elle semble par ailleurs en fuite permanente.

Influencée par le titre et quelques images, je pensais qu'une bonne partie du film se passait dans un décor de fête foraine ce qui n'est pas le cas même si on reste marqué par la courte exploration des lieux et la scène de danse macabre. On suit Mary dans la nouvelle vie qu'elle tente de créer mais où rôde un inquiétant homme en noir, où elle traverse des phases durant lesquelles elle semble invisible à tous tout en ayant des interactions normales par ailleurs: est-elle poursuivie par une entité maléfique ou sombre-t-elle dans la folie? Évidemment, le scénario accuse ici son âge, on a depuis vu bien des fictions jouant sur les mêmes interrogations avant de trancher de manière similaire pour être surpris du dénouement. Néanmoins, on glisse petit à petit dans un monde angoissant où les personnages d'abord accueillants (le pasteur, la logeuse) ne se montrent d'aucune aide dès que le comportement de l'héroïne ne cadre plus avec le décor propret.

Candace Hilligoss n'a pas eu une grande carrière après ce film: elle en a tourné un autre et puis basta. Pourtant, diaphane, elle porte l'intégralité de l'intrigue sur ses épaules, capable de passer de la panique à la froideur. Le réalisateur Herk Harvey s'est donné le rôle de "l'homme inquiétant" qui poursuit la malheureuse Mary et avec son maquillage cadavérique donne une petite touche expressionniste au métrage tout en annonçant les zombis pas trop putréfiés encore qui surgiront dans quelques années. Le reste du casting fait le job, très dans le jus de son époque, en particulier Sidney Berger dans le rôle de John Linden, le colocataire lourdingue.

Parfois angoissant, parfois onirique et offrant quelques images et séquences mémorables, Le Carnaval des Âmes fait plus office de curiosité historique que de grande claque mais il est intéressant de voir comment des sorties modestes en leur temps ont pu gagner une aura culte et influencer des réalisateurs reconnus.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 16 Mars 2025, 16:38bouillonnant dans le chaudron "Films".