Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-
Massacre à la tronçonneuse
Accompagnés de trois amis, Sally et son frère Franklin traversent le Texas en van, désireux de s'arrêter dans la maison désormais abandonnée de leur défunt grand-père. Ils découvrent un voisinage alarmé par de récentes profanations de tombes, mais ils ne se doutent pas encore de l'horreur qui les attend lorsqu'ils arrivent à destination.

Difficile de ne pas se lancer dans Massacre à la tronçonneuse sans la moindre appréhension. D'un côté, sa réputation de film d'horreur choquant, interdit plusieurs années en France, le précède. Allais-je tenir? D'un autre côté, j'ai déjà quelques films d'horreur divers et variés sous la ceinture et ce qui paraissait subversif et provoquant il y a cinquante ans peu s'être émoussé avec le temps et la surenchère. D'emblée pourtant, posant son film comme un fait divers réel, précédant les found-footage qui vont fleurir plus tard dans le genre sans en être un, Tobe Hooper instaure le malaise, avec une ouverture ponctuée de reportages radio macabres. Il y a un côté brut, à la limite du documentaire dans la manière de montrer ce coin de Texas à la dérive. Lorsque le van des protagonistes passe devant un abattoir, on comprend le parallèle dressé entre les pauvres bêtes enfermées et ce que l'on devine déjà du sort d'une partie des personnages.

Parallèle accentué lorsque Franklin donne de détails macabres sur les méthodes d'abattage, sujet de conversation qui ne plait guère à ses camarades mais qui va immédiatement résonner chez l'autostoppeur étrange ramassé juste après: des liens indirects autour dudit abattoirs sont tissées entre la famille de bourreaux locale et celle, normale a priori, des visiteurs. Le film prend son temps avant que le massacre proprement dit ne commence mais aucune minute n'est perdue tant l'on s'installe dans une ambiance malsaine. À partir de l'arrivée dans la maison de l'horreur, faussement innocente avec sa façade bien blanche qui contraste avec celle du grand-père à l'abandon ou son intérieur effroyable, les mises à mort rapprochées, dévoilant le personnage culte de Leatherface, peuvent paraitre moins éprouvantes qu'on ne pouvait le craindre: pas de festival de gore mais on devine les blessures douloureuses et une fin particulièrement sordide. Le tout jusqu'à vingt dernières minutes intenses où l'on suit Sally dans son calvaire jusqu'à une délivrance en demi-teinte.

Tourné avec très peu de moyens, le film se montre économe dans ses effets, malgré quelques corps en putréfaction offrant des plans marquants. La menace sourde du début à la fin, au travers d'inserts de plan sur le soleil ou la lune, ponctuant l'avancée de ces 24 heures cauchemardesques, adoptant un plan cyclique (apparition d'un poids-lourd au début et à la fin, tantôt élément perturbateur, tantôt lueur d'espoir, apparition de l'autostoppeur et de la station-service qui encadre l'action centrale dans la maison. De ce fait, ce qui ressemble à un scénario minimaliste recèle en réalité bien plus de subtilités que prévu, et laisse discerner un propos social sans l'appuyer plus que de raison, les personnages n'ont après tout pas vraiment le temps de disserter. Comme les codes du slasher ne sont pas encore vraiment posés, Hooper ne les casse pas volontairement mais ne les suit pas non plus scrupuleusement. Seul un maquillage sort un peu du film et empêche de totalement adhérer à l'aspect de fait divers horrifique très vaguement inspiré des crimes d'Ed Gein.

Petit budget oblige, le casting est constitué d'inconnus donc aucun ne va connaître une carrière de premier-plan par la suite ce qui contribue, même des années après, à l'immersion. Le groupe d'amis n'est pas trop beau ou propre sur lui, Paul A. Partain dans le rôle de Franklin est par moment un peu pénible avec un comportement d'homme-enfant mais on comprend que le personnage se sente laissé de côté par le reste du groupe et pour peu de temps il devient plus raisonnable quand la situation s'aggrave. Marilyn Burns n'est pas encore la Final Girl qui gagne en autonomie et et dangerosité que le genre mettra en place et les vingt dernières du film ont dû être aussi éprouvantes pour ses poumons que pour nos oreilles mais elle joue la panique comme personne tandis que Jim Siedow et Edwin Neal sont inquiétants à souhait.

Jouant davantage la carte de la suggestion que celle du gros gore qui tache (comme le fera apparemment la suite douze ans plus tard), Massacre à la tronçonneuse distille une atmosphère poisseuse d'un bout à l'autre et impressionne toujours un demi-siècle plus tard.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 14 Mars 2025, 19:35bouillonnant dans le chaudron "Films".