Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-
Le Sphinx rouge
--> suivi de La Colombe
Fils naturel d'Henri IV, Antoine de Bourbon, comte de Moret, se laisse entraîner par Gaston d'Orléans son demi-frère et Marie de Médicis, la reine-mère, dans un complot contre Richelieu. Ce dernier, auréolé de la prise de la Rochelle, n'entend évidemment pas se laisser faire.

Soyons honnête: lorsque l'on s'écarte des romans les plus connus d'Alexandre Dumas, généralement écrits en collaboration avec Auguste Maquet, il est rare de tomber sur des chefs-d’œuvre oubliés. On y retrouve les défauts de l'auteur, beaucoup de digressions, un fil rouge pas toujours discernable et des considérations historiques datées, sans le panache, le souffle d'aventure, la tension et les personnages principaux mémorables qui tiennent en haleine quand il est au sommet de son art. Le Sphinx rouge, roman-feuilleton tardif, a cependant de quoi attirer l'attention: situé quelques jours après la prise de la Rochelle durant laquelle d'Artagnan et ses amis se sont illustrés, on pourrait y voir un spin-off des Trois Mousquetaires dans lequel on se centrerait sur le grand méchant, Richelieu. Or, justement, si l'on a lu le roman susnommé après avoir vu les adaptations, on peut être surpris du portrait finalement loin d'être négatif que Dumas dresse du cardinal. Certes, il vaut mieux ne pas se le coltiner comme ennemi, ce que s'empresse de faire le héros, mais l'auteur ne cache pas son admiration pour le ministre.

C'est encore plus flagrant ici. Le feuilleton a été publié à l'origine sous le titre Le comte de Moret mais on comprend la raison du changement: Richelieu tient ici la vedette tandis que le comte est très en retrait et qu'on a du mal à s'intéresser à ses maigres aventures. Richelieu est un bon patron qui ne se ménage pas pour établir et maintenir la grandeur de la France à une époque tourmenté, ceux qui intriguent contre lui sont des opportunistes et des imbéciles bien incapables d'accomplir le dixième de son boulot, bref, hormis la tendance du grand homme à se piquer de littérature, ce qui pousse Dumas à faire comprendre que chacun son pré carré, le portrait est très positif. On le sentait déjà dans Les Trois Mousquetaires où l'allégeance de d'Artagnan est plus un concours de circonstance qu'un choix délibéré mais il n'aurait pas été mal loti en s'engageant chez les gardes du Cardinal.

Malheureusement, le fascinant cardinal ne se lance pas dans de grandes chevauchées, interdit les duels plutôt que d'y participer et il manque au roman un attrait particulier. Le comte de Moret n'est pas suffisamment présent pour passionner le lecteur et l'impliquer dans ses amours contrariés. Étienne Latil, qui pourrait faire un bon héros, est vite alité avant de prendre tardivement du service auprès du cardinal et il manque des méchants mémorables, Gaston d'Orléans, Marie de Médicis ou Pisany ne remplissant pas vraiment la fonction occupée par Milady (ou Rochefort, encore que comme Richelieu, quand on lit Les Trois Mousquetaires et encore plus Vingt ans après, on est surpris de le trouver de plus en plus sympathique). L'édition que j'ai lue est suivie de La Colombe récit épistolaire antérieur faisant pourtant office de suite, dévoilant les amours contrariés de Moret et Isabelle Lautrec, coda loin d'être inutile mais qui ne les rend pas plus intéressants, hélas.

On est donc loin de l'Alexandre Dumas des grands jours et l'on peut regretter que Richelieu n'ait pas été mieux servi. Autant relire Les Trois Mousquetaires finalement, le plaisir est toujours intact de ce côté.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 12 Mars 2025, 19:36bouillonnant dans le chaudron "Littérature".