Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Bagdad Café
Après une dispute avec son mari, Jasmin, touriste bavaroise, se retrouve plantée au milieu de nulle part, entre la Californie et Las Vegas. Elle prend une chambre au Bagdad Café, station service gérée par Brenda, mère de famille désillusionnée. Peu à peu, Jasmin va transformer les lieux et la vie des habitants.

Une fois de temps en temps apparait un film tel que celui-ci. Un petit film indépendant, sans stars mais avec parfois tout de même quelques têtes connues, qui remporte un joli succès public et critique et reste en mémoire quelques années avant de s'effacer. Le réalisateur ne s'impose pas suffisamment par la suite pour que l'on s'intéresse suffisamment à sa filmographie pour revenir à ce film-là en particulier mais de temps à autre on s'en rapelle, on se dit que "eh, c'était pas mal quand même" et on vérifie que les souvenirs ne sont pas trompeurs. Là, au débotté, je pense par exemple au Smoke de Wayne Wang sorti dans les années 90. Bagdad Café, bien que situé dans une région bien différente des États-Unis, est aussi de ceux-là.

Je ne crois pas que le terme feel good movie était encore consacré mais s'il en est un, c'est sans doute lui: pas de méchants ici, seuls des maris indélicats ou inutiles qui s'effacent vite, pas de brutalité dans ce café pourri perdu quelque part dans le désert: les routiers sont sympas, Brenda n'est hostile que parce qu'elle est à bout de nerfs et tout fini dans la joie et la bonne humeur. Tout cela grâce à Jasmin, bavaroise qui ne paie pas de mine en arrivant engoncée dans un épais tailleur pas vraiment adapté au climat. Elle pourrait être ce que l'on appelle une Manic Pixie Dream Girl à la manière qu'elle a, par sa fantaisie, de changer la vie d'un entourage d'abord rétif à ses initiatives, puis séduit. Elle n'en a pas le profil pourtant, a une personnalité calme passée la dispute initiale, presque discrète, et a ses propres problèmes à régler. On pourrait aussi y voir une inversion du "Magical Negro", personnage de Noir dont le rôle est, par ses pouvoirs surnaturels ou au moins sa sagesse, d'améliorer la vie des héros blancs ou de les aider à surmonter des épreuves. Ici, c'est l'inverse qui se produit mais il n'est pas certain que Percy Adlon ait vraiment eu pour ambition de revisiter des clichés. Juste celle de raconter une jolie histoire.

On s'y laisse facilement prendre même si l'on peut regretter la trop grande passivité de Brenda dans la transformation du café. Adlon rend palpable ce coin de désert poussiéreux et désolé où l'on est loin de tout et rien sans véhicule mais où une poignée de personnages, plus par habitude et par isolement commun que par affinité, se tiennent compagnie pour finir par former une vraie famille. La chanson lancinante entonnée par Jevetta Steele est pour beaucoup dans le succès du film et elle est devenu un tube à part entière, utilisé suffisamment de fois dans le film pour marquer le spectateur et instaurer l'ambiance mais pas assez pour lasser.

Les personnages sont haut en couleur, il fallait un casting pour le rendre palpable. Marianne Sägebrecht amuse au début par sa dégaine de bavaroise caricaturale en décalage complet avec l'environnement où elle a atterri mais devient peu à peu émouvante avec un jeu pourtant minimaliste. Aux antipodes, CCH Pounder dans le rôle de Brenda montre un côté dur, peu engageant avant de se laisser attendrir, d'autant qu'elle n'est plus forcée de tenir la station sur ses seules épaules. Jack Palance est certainement l'acteur le plus connu du lot, ici assez loin de ses rôles de méchants dans divers westerns bien que l'on laisse penser un bon moment que la profession de son personnage n'en était pas si éloigné avant, encore une fois, de prendre les habitudes à contrepieds.

Bagdad Café remplit près de quarante ans plus tard toujours aussi bien son office. Il ne s'agit peut-être pas d'un grand film, son succès en France à l'époque doit peut-être, comme cela arrive souvent, à un bon timing entre la sortie et ce que les spectateurs avaient besoin de voir mais l'atmosphère et Calling You sont toujours aussi envoutants.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 9 Mars 2025, 18:49bouillonnant dans le chaudron "Films".