Ian Davenport écoute le récit d'Arthur Arroway tandis qu'Anya Eisenstern se confie à Nell et Mary: on remonte en 1906 dans le Maine, quand Anya entre à l'université d'Onsmouth, première femme à y parvenir. Elle assiste Voynich et Arroway dans leurs travaux sur le spiritisme et côtoie Lucas Esteban, un étudiant hostile qui cache un secret.

Dans le troisième et avant-dernière tome de Clues, Mara opérait un long flash-back où l'on découvrait la jeunesse de Hawkins et ses liens avec la mère de l'héroïne avant de clore l'histoire dans le volume suivant. Rebelote ici avec un troisième opus qui nous ramène une vingtaine d'années plus tôt pour éclaircir le passé tourmenté de la génération précédente de spirites. Néanmoins, la construction a gagné en complexité depuis la série précédente puisque l'on a deux récits qui se complètent et se répondent, celui d'Arroway et celui d'Anya. Ils ne se contredisent pas vraiment: ce n'est pas une intrigue à la Rashomon où les points de vue peuvent apporter des interprétations radicalement différentes d'un même événement. Même s'il manque des éléments au futur savant fou ectoplasmique, la version d'Anya devient de toute façon vite la plus fiable tandis que celle de l'autre narrateur comporte une grosse ellipse.

On en découvre donc plus sur des éléments passés et le fond assez sombre (il est question notamment de violences conjugales) se marie finalement bien avec le style de Mara, toujours très influencé par Don Bluth mais qui est aussi désormais très reconnaissable par lui-même.

Du fait du retour en arrière, on peut avoir l'impression que l'intrigue générale a peu avancée... et ce n'est pas qu'une impression mais il ne s'agit pas pour autant de remplissage et l'on nous transmet ainsi quelques informations importantes et un contexte plus étoffé qui seront fort utiles pour un final que l'on a plus que jamais envie de découvrir.