Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Mon coeur est une tronçonneuse
Entre un père alcoolique et un lycée où elle étouffe, Jade trouve refuge dans les slashers dont elle a une connaissance encyclopédique. Quand elle découvre que deux touristes hollandais ont été assassinés alors qu'ils naviguaient sur le lac voisin, elle n'en doute pas, ce n'est que le début et le tueur va suivre les étapes communes à ses films favoris.

Stephen Graham Jones est relativement nouveau venu en France, d'abord avec le remarqué Un bon Indien est un Indien mort puis avec ce Mon cœur est une tronçonneuse alors qu'un coup d’œil à sa bibliographie révèle qu'il est depuis longtemps dans le métier et bien plus prolifique que le peu de sa production qui a franchi l'Atlantique le laisse supposer. Après avoir joué avec le folklore blackfeet, l'auteur se lance dans ce qui semble être un slasher classique: si Jade est à moitié indienne, l'intrigue ne se base pas sur des mythes particuliers, même si le coin où elle vit est riche en événements sanglants et mystérieux. On a un couple de touriste trucidé en ouverture, quelques morts en chemin avant un massacre final et estival que l'héroïne tente d'éviter. Pour se faire, elle utilise sa large culture cinématographique.

Difficile de ne pas penser à Scream et Stephen Graham Jones ne cache pas l'influence du film de Craven dans ses remerciements. On trouve dans les deux œuvres un personnage conscient d'être au milieu d'un slasher et dont la connaissance des codes l'aide à se défendre ou anticiper les mouvements du tueur. Seulement, Jade n'a que trop conscience de ne pas avoir le profil de l'héroïne-type, de ne pouvoir être le personnage principal de cette histoire et elle trouve la fille finale idéale en la personne d'une nouvelle élève, Letha Mondragon. Qui, elle, forcément, n'interprète pas correctement les intentions de cette très bizarre camarade de classe. On est facilement mené par le bout du nez dans ce récit, et pourtant, avec quelques slashers sous la ceinture, on peut également voir venir certains éléments, notamment concernant le passé de Jade, mais il y a tellement de pistes que finalement, on se laisse encore surprendre. Jusqu'à un final apocalyptique où règne la plus grande confusion, comme si toutes les options envisagées (tueur humain, surnaturel, personnage principal en roue libre) étaient adoptées en même temps.

Voilà de quoi déstabiliser si l'on veut son slasher servi de manière plus conventionnelle et pour les autres, la réflexion sur le genre à laquelle se livre Jade fait office de bonne synthèse mais n'apporte pas vraiment d'éléments nouveaux. Le personnage n'en demeure pas moins mémorable et se révèle le point fort d'un roman par ailleurs généreux dans l'escalade des tueries, comme il se doit. Est-on en face d'un cas d'elevated horror, comme on dit de nos jours, parce qu'il y a tout de même un propos social? Il n'est pas certain que Stephen Graham Jones s'en soucie, ce qui ne serait pas un tort.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 20 Janvier 2025, 17:05bouillonnant dans le chaudron "Littérature".