La Guerre d'Indépendance a bel et bien commencé. Jamie et Claire s'y impliquent du côté des rebelles tandis que John Grey et William sont dans le camp adverse. Brianna, Roger et leurs enfants sont revenus au XXe siècle et tentent de s'acclimater aux années 80 mais une menace rôde.

On ne peut pas dire que la série Outlander soit un de mes coups de cœur. Je peux en apprécier le soin dans la reconstitution historique et un casting très bien choisi mais je déplore régulièrement le manque de rythme, les défauts hérités des romans comme des personnages principaux finalement peu sympathiques et un manque de distinction entre les péripéties importantes et d'autres secondaires pourtant aussi détaillées. Encore que sur ce point, l'adaptation atténue cet aspect des romans. Quand en plus des circonstances externes bousculent la production et se répercutent sur sa diffusion, cela ajoute une difficulté à surmonter. La saison 6, peut-être à cause du Covid et des contraintes de tournage que cela avait entraînés, était passablement écourtée et faisait office de saison de transition. La suivante, au contraire, renoue avec le format de la toute première, une longueur record de seize épisodes mais divisée en deux parties.

Sauf que voilà, au lieu d'être espacées de seulement quelques mois, les deux parties en question l'ont été de plus d'un an. Grèves des scénaristes puis des acteurs expliquent ce retard mais il est difficile de se remémorer la première moitié pour savourer la seconde à sa juste valeur. Qui en veut à Brianna et Roger dans les années 80 déjà? Pourquoi Jamie retourne-t-il en Écosse? Qui accompagne Roger dans le passé? Quand comme moi on ne revoit pas ses fiches avant de se replonger dans de nouveaux épisodes, on peut s'attendre à quelques temps de flottement. Pour autant, cette saison ne s'en sort pas si mal. Le fait d'entrer de plein pied dans la Révolution américaine apporte une nouvelle dynamique et les Fraser sortent un peu de leur ferme. Roger est toujours un bonnet de nuit mais le transporter en Écosse du vivant du père de Jamie amène des retours inattendus et un caméo amusant de Nicholas Ralph si l'on regardait en parallèle la dernière saison en date de All Creatures Great and Small: à croire qu'ils ont récupéré sur le plateau voisin un acteur à l'accent écossais en tenue de pilote de la RAF de la Seconde Guerre Mondiale.

Si l'on a droit à un peu d'animation et quelques passages rigolos comme le fait que l'héroïne doit sa survie au roquefort du marquis de La Fayette (kamoulox), les aspects agaçants demeurent. William Ransom est bien le fils de son père, tous deux mettent des proches en danger mortel sous le coup de la colère mais c'est pas grave, hein, on leur pardonne, comment peut-on leur en vouloir quand ils sont si beaux? Le jeune Ian flanqué ou non de son toutou est toujours attachant, cela dit j'ai été un peu perturbée par Lord John, non pas le personnage et son parcours cette saison mais par le jeu de David Berry. C'est sans doute une question de souvenirs trompeurs (ou d'absence de souvenirs en l'occurrence) mais je l'ai trouvé plutôt mauvais à toujours étrécir les yeux alors que cela ne me choquait pas avant.

La multiplication des personnages et des fronts (au moins trois époques différentes à suivre) ne rend pas toujours aisé de s'y retrouver et même les scénaristes semblent passer d'une idée à l'autre sans les exploiter: un épisode se termine par exemple sur la fille de Brianna se précipitant vers une des Pierres permettant le passage au grand affolement de sa mère car elle et ses enfants devaient partir ensemble; dans l'épisode suivant aucun problème, les trois ont atterri à la même époque, bref, un cliffhanger totalement artificiel qu'on ne se donne même pas la peine de régler par une petite scène.

Une mystérieuse apparition dans les dernières minutes relance néanmoins des questions. Avec la prochaine saison d'ores et déjà annoncée comme la dernière, espérons que les réponses seront là et que la conclusion saura apporter un vrai point final après bientôt dix ans de chassés-croisés romantiques et temporels.