Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Femmes au bord de la crise de nerfs
Pepa, actrice et doubleuse de films, souffre de s'être fait larguer par son collègue et amant Ivan, sur le point de partir en voyage. Elle découvre en outre qu'il a été marié et a un fils déjà adulte. Alors qu'elle tente de garder son calme, son amie Candela arrive, persuadée d'être poursuivie par la police après avoir hébergé des terroristes chiites.

Quand Pedro Almodovar signe en 1988 Femmes au bord de la crise des nerfs, il est loin d'en être à son galop d'essai puisqu'il s'agit de son septième long-métrage et qu'il s'était déjà constitué une petite équipe autour de lui, dont Antonio Banderas qui sera l'un de ses acteurs emblématiques. Il s'agit cependant de son premier succès international, avec des prix à la Mostra de Venise, aux Goyas et aux BAFTAs. De quoi asseoir la réputation du cinéaste et donner un bel exemple de ce qu'a pu offrir à l'écran la Movida, le mouvement culturel qui a pris son essor dans l'Espagne des années 80. On y suit les mésaventures sur trois jours de Pepa, actrice abandonnée par son amant et qui a du mal à l'accepter. Alors qu'elle commence à envisager la rupture plus calmement, une série de découvertes et l'arrivée dans son appartement de personnages bien plus percutés qu'elle vont mener à une escalade d'embûches.

Le scénario, primé à Venise, est parfaitement rodé: on commence doucement en découvrant parallèlement Pepa et Ivan et la fin de leur relation, puis le rythme s'emballe alors que tout le monde débarque dans l'appartement de l'actrice. Bien que l'unité de lieu ne soit pas totalement respectée, ce décor est très théâtral, jusqu'au panorama du balcon d'un factice assumé (tout comme la découverte de l'immeuble lui-même par l'intermédiaire d'une maquette). L'apparition de personnages totalement déjantés contraste avec la rigueur de la réalisation et le soin apporté à la déco. On y trouve d'ailleurs des éléments récurrents chez Almodovar, notamment dans le traitement des couleurs, avec ici des dominantes de rouge et de bleu, comme quoi réaliser une comédie ne veut pas dire renoncer à toute ambition artistique (Almodovar n'est évidemment ni le premier ni le dernier à y mettre les formes mais on a parfois l'impression que l'esthétique passe au second plan quand on se soucie de faire rire).

En moins d'1h30, on assiste à un crescendo où des éléments épars (le taxi que Pepa croise régulièrement, la voisine punk...) et ce qui semble être des coïncidences (la visite de l'appartement que Pepa veut sous-louer par le fils d'Ivan, la rencontre avec l'avocate) n'en sont finalement pas tant que cela. Tout cela culmine dans une course-poursuite hilarante jusqu'à un aéroport où Almodovar s'amuse à offrir quelques plans hitchcockiens malgré une menace qui donne plus envie de rire que de trembler pour sa cible. Bien que le réalisateur soit encore sage par rapport à d'autres de ses films, il règne une liberté de ton de tous les instants avec des personnages qui agissent généralement avant de réfléchir, et malgré les dangers évoqués puisqu'il est question d'un projet d'attentat, de la police qui vient fouiner dans l'appartement de Pepa, et de jalousie extrême, les crises de nerfs qui menacent les personnages ne se transmettent guère aux spectateurs qui s'en amusent au contraire.

Le casting est savoureux. Carmen Maura est excellente en Pepa, femme délaissée qui aura l'occasion de passer au-delà de cette crise. Elle est admirablement entourée, avec notamment un Antonio Banderas godiche à souhait et bien loin des latin lovers qu'on lui fera jouer par la suite, Maria Barranco en mannequin paniquée à l'idée de se faire arrêter pour complicité avec des terrorismes et qui entraîne Pepa dans sa galère, Rossy de Palma en fiancée sévère et surtout une Julieta Serrano emperruquée et de plus en plus échevelée en autre femme abandonnée aux méthodes plus radicales que celles de Pepa.

On comprend sans peine l'engouement pour le film à sa sortie et qu'il se soit exporté facilement. On y trouve la patte d'Almodovar et cette comédie noire est en même temps suffisamment grand public pour constituer une bonne porte d'entrée dans sa filmographie.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 3 Novembre 2024, 17:59bouillonnant dans le chaudron "Films".