Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Amelia's Children
Orphelin, Ed a toujours voulu connaître ses origines. Un test ADN offert par sa petite-amie Riley lui permet de découvrir l'existence d'un frère jumeau, Manuel, au Portugal. En compagnie de Riley, il part faire sa connaissance et débarque dans une grande maison isolée où Manuel vit avec leur mère, Amelia. Le comportement de celle-ci intrigue puis inquiète Riley.

Régulièrement, le cinéma d'horreur espagnol franchit les Pyrénées, nous offrant quelques fois de véritables perles. Le Portugal voisin se fait beaucoup plus rare, aussi ce film de Gabriel Abrantes, remarqué lors du dernier festival de Gerardmer, avait de quoi susciter l'intérêt. On part sur un postulat gothique à souhait et le réalisateur, également scénariste, ne craint pas d'user de poncifs, comme ces deux vieux autochtones qui deviennent inquiets et agressifs quand Riley leur demande le chemin de la villa d'Amelia, qu'ils n'attaqueront tout de même pas avec flambeaux et fourches dans le dernier acte mais on n'en aurait pas été étonné. Pourtant, il est aussi capable de prendre le contrepied des attentes, dans la scène d'ouverture montrant une effraction dans la villa et un enlèvement, où les monstres ne sont pas qui l'on pourrait croire. Le film va sans arrêt osciller dans un entre-deux dont on ne sait pas toujours à quel point il est volontaire.

Il y a un aspect grotesque revendiqué et dans un premier temps, ce n'est pas tant l'angoisse qui se dégage qu'une gêne à la fois amusée et horrifiée face aux apparitions d'Amelia, au visage tellement refait par la chirurgie esthétique et le botox qu'elle rappelle Crystal dans Le Cœur a ses raisons. Manuel, le jumeau d'Ed aux allures de latin lover est également amusant par son allure caricaturale tandis que ses relations de moins en moins ambiguës avec sa mère répugnent. Alors qu'Ed, avide d'avoir une vraie famille, évite de se poser trop de questions, Riley sent immédiatement que quelque chose cloche et ne perd guère de temps à obtenir des réponses qu'elle acceptera sans freiner le déroulement de l'action par un scepticisme trop obstiné. À ce moment-là, le film prend un tour plus casanier avant de retomber dans la bouffonnerie horrifique dans la dernière ligne droite.

Abrantes scénariste nous balade et se montre roublard. Le choix de faire d'Ed et Riley des anglophones permet de les isoler, de ne pas pouvoir immédiatement poser des questions aux maraichers locaux (qu'ils n'auraient pas probablement pas crus) mais on ne peut s'empêcher de soupçonner qu'un film presque entièrement tourné en anglais est plus aisé à exporter internationalement (pourquoi est-il sorti en France avec son titre anglais alors qu'on aurait pu traduire celui-ci ou l'original portugais? Comme avec When Evil Lurks récemment, la tendance se poursuit et agace). Sa réalisation est quant à elle beaucoup plus carrée, sans fioriture mais efficace pour distiller une atmosphère glauque, laissant la violence pour le dernier quart d'heure.

Malgré ou grâce à son maquillage, Anabela Moreira domine la distribution en vieille dame riche inquiétante. Brigette Lundy-Paine est très bien en petite-amie qui entraine involontairement son couple vers le danger mais qui au moins le réalise vite. Plus difficile à cerner est l'interprétation multiple de Carloto Cotta. Il est falot en Ed mais plus trouble et drôle dans le rôle de Manuel. Contraste voulu pour que les deux personnages ne se distinguent pas uniquement par leur coiffure mais Ed est un protagoniste très passif et peu intéressant, dont on ne creuse pas tant que cela le désir d'avoir une famille au prix de fermer les yeux sur ses aspects alarmants.

Amelia's Children adopte des ruptures de ton déstabilisantes et l'on ne sait pas toujours si l'on doit rire du film ou avec. Néanmoins, l'aspect malsain d'Amelia et sa progéniture reste en tête, plaçant le film dans un entre-deux, ni réussite ni ratage mais suffisamment particulier pour retenir l'attention.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 11 Août 2024, 15:52bouillonnant dans le chaudron "Films".