Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sixième sens
Malcolm Crowe, psychologue pour enfants respecté, est marqué par un échec qui a conduit au suicide d'un ancien patient, Vincent Grey. Il s'intéresse au cas du jeune Cole, dont la conduite lui rappelle celle de Grey. Peu à peu, il gagne la confiance du petit garçon qui lui avoue son secret: il voit des morts.

Au tournant du siècle, la manifestation-type d'un manque d'égard envers son prochain consistait à lui révéler la fin de Sixième sens. Troisième film de M. Night Shyamalan mais premier succès, il fut l'événement du début des années 2000 et son réalisateur révélé comme un potentiel nouveau Spielberg ou nouvel Hitchcock. La suite de sa carrière fut, on le sait, chaotique. À revoir cette œuvre fondatrice un quart de siècle plus tard, avec le recul, il est facile de se dire que tout était déjà présent, les qualités comme les défauts de son style et que la réception de ses œuvres suivantes a souvent plus été affaire de remarquer d'avantage les seconds que les premières.

Facile aussi de se dire, en connaissant d'avance le twist et après des années de films à twist, qu'on devait tout de même être bien naïfs, à l'époque, pour se faire avoir. Contrairement à Psychose dont on connait généralement avant d'avoir vu le film les éléments précis qu'Alfred Hitchcock désirait expressément cacher au spectateur innocent, Sixième sens a du mal à tenir la route. On ne peut que remarquer les indices évidents, de l'attitude de la femme de Malcolm aux informations que livre Cole sur les fantômes qui ignorent en être. Le scénario parait bien tiré par les cheveux quand on en arrive à la scène dans laquelle le garçon aide le spectre d'une petite fille assassinée à démasquer sa vilaine marâtre. On tombe ici dans un des travers de Shyamalan l'auteur, sa tendance à créer des situations totalement artificielles. Artificialité qui se ressent également dans les personnages et leurs échanges.

Cole est particulier certes et forcé d'être plus mature que son âge mais il annonce toute une ribambelle de personnages d'enfants dans la filmographie du réalisateur qui se comportent et s'expriment comme des adultes miniatures. Reste que dès qu'il touche à la mise en scène, M. Night Shyamalan est autrement plus adroit. Loin de s'appuyer sur de grossiers jumpscares comme on en verra fleurir jusqu'à plus soif par la suite, les apparitions de fantômes dans le quotidien du pauvre Cole sont amenées presque avec naturel tout en suscitant l'angoisse, sans que la partition de James Newton-Howard ou un quelconque et brusque effet sonore vienne nous signaler que ressentir. Il y a là un soin et une élégance en décalage avec l'écriture, un écart qui se creusera dans ses films les moins réussis.

Quant à la direction d'acteurs, c'est un peu en adéquation avec l'écriture des personnages et l'on ne sait pas toujours où se situe l'origine de l'appréciation que l'on peut en avoir. Bruce Willis, qui a l'époque enchaînait les rôles d'action avec souvent une bonne louche d'humour, a tenu avec ce rôle dramatique une de ses performances les plus saluées... et minimalistes, ce qu'il fallait probablement, sans grand pathos mais avec efficacité. Toni Collette a un beau rôle de mère dépassée mais féroce, qui veut aider son fils mais parfois totalement perdue face à ses réactions ou les manifestations surnaturelles qu'elle ne peut comprendre. Haley Joel Osment, crédible en gamin de 9 ans même s'il en comptait au moins deux de plus à un âge où l'on change vite, est devenu avec ce film l'un des enfants-acteurs les plus cotés de Hollywood avant de se retrouver en butte aux problèmes habituels liés à ce statut. Il est vulnérable à souhait en gamin terrifié et soupçonneux mais souffre de ce que j'évoquais plus haut, cette impression de ne jamais voir un véritable gamin de neuf ans mais un adulte en modèle réduit.

On s'est peut-être emballé trop vite à l'époque sur ce film. Ou peut-être souffre-t-il simplement d'être découvert après que beaucoup trop d'autres films aient surfé sur la vague qu'il avait lancé, galvaudant sa spécificité. Il n'en démontre pas moins l'habileté dont est capable M. Night Shyamalan derrière sa caméra et ses lourdeurs quand il tient la plume.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 10 Juillet 2024, 17:28bouillonnant dans le chaudron "Films".