La Guerre des Dieux est désormais bien entamée et les royaumes humains sont en plein chaos. Face à Nathair qui se croit encore élu pour mener le Bien à la victoire, la résistance s'organise autour de la reine Edana. Corban commence à accepter son statut d'Étoile Vive mais n'est pas au bout de ses surprises.

Au troisième tome de ce qui est censé être une tétralogie, on peut se demander comment John Gwynne va parvenir à la boucler: les nombreux personnages sont éparpillés sur tout le continent, il y a tout un tas d'objets importants à rassembler ou à ne surtout pas rassembler... Quand on n'a pas le tome précédent frais à l'esprit et malgré une liste des personnages fournie en début de livre (béni soit un Tad Williams qui lui prend la peine de proposer un résumé détaillé), il faut du temps pour remettre tout le monde, reprendre le train en marche et on a alors tout loisir de se dire que décidément, ce cycle n'a rien d'extraordinaire ni d'original. Il n'y a pas de longueurs, les personnages sont toujours en mouvement, avec des trahisons, des dilemmes cornéliens, notamment à travers le personnage de Vonn, tandis que l'affreux Rafe fait finalement plutôt pitié.

Pourtant l'auteur arrive au détour d'une énième péripétie à prouver qu'il peut, sans aller jusqu'à vraiment surprendre, tordre cette intrigue au premier abord lue cent fois. Nathair comme Corban vont devoir faire un choix. Nathair en découvrant qu'il n'est pas l'Étoile vive, Corban ce qui se cache exactement derrière cette prophétie. Les deux antagonistes ne sont ainsi plus téléguidés par une prophétie millénaire et si les décisions qu'ils prennent ne sont pas surprenantes à ce stade, ce sont les leurs. Bien sûr, ce n'est pas entièrement inédit, on se souvient notamment de la gestion du même genre de prophétie dans Harry Potter et finalement, rares sont les romanciers à faire appel à cette ficelle sans trouver une manière de ne pas l'utiliser totalement au premier degré. La révélation arrive toutefois à pic pour relancer l'intérêt, tout comme les dernières pages qui, alors que les héros commençaient à relever la tête, plongent dans l'incertitude la plus totale.

À défaut d'être particulièrement inventif, John Gwynne se montre malin, relançant l'intérêt pour son intrigue au moment où l'on se dit que c'est bon, on a fait le tour. Reste à voir comment il va boucler son histoire en un tome, cela tombe bien, le dernier arrive en français ce novembre (bizarrement les éditions Leha ont préféré traduire un autre cycle de l'auteur entre ce tome-ci et le quatrième).