Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Premier Contact
Quand une douzaine de vaisseaux spatiaux se matérialisent à différents endroits de la planète, la linguiste Louise Banks est chargée par l'armée américaine de l'aider à communiquer avec les aliens, afin de comprendre leurs intentions. Par où commencer quand le mode d'expression des étranges visiteurs ne ressemble à rien de connu et que l'on ne sait rien de leur manière de penser?

Durant la promotion de la deuxième partie de Dune, j'ai vu passer un de ces titres racoleurs dont le seul but est d'attirer le clic pour conduire à un article qui ne révèle rien de neuf ou palpitant. Ici, il s'agissait d'une phrase du genre "Denis Villeneuve a un film préféré de Spielberg et vous ne devinerez jamais lequel c'est!". Bon, me suis-je dit, Villeneuve a réalisé il y a quelques années Premier Contact qui parlait, comme le titre français l'indique, d'un premier contact officiel entre extra-terrestres et humains dans lequel on privilégiait la communication à l'affrontement violent. À tous les coups, la réponse est Rencontre du troisième type. J'ai donc fait exactement ce qu'il était inutile et idiot de faire, cliquer pour lire l'article qui a confirmé l'évidence.

Premier contact s'inscrit donc dans ce courant de film de SF où l'arrivée d'aliens sur Terre n'est pas traitée sous l'angle de l'invasion sanguinaire mais où l'on cherche à se comprendre. Logique donc que l'héroïne soit une linguiste, dépêchée par l'armée américaine pour parler à deux représentants extra-terrestres tandis que des équipes d'autres pays en font autant de leur côté avec le vaisseau le plus proche. Par où commencer cependant quand on n'a aucune racine commune à laquelle se raccrocher. Comprendre comment pensent les interlocuteurs car le mode de pensée est une base des constructions de la langue? Louise va rapidement trouver un point d'accroche et à partir de là les progrès sont rapides mais n'empêchent pas les confusions dans les termes. De plus, la communication entre humains n'est pas toujours plus aisée et les tensions liées à la marche à suivre s'exacerbent tandis que l'humanité cède à la panique un peu partout.

Adapté d'une nouvelle de Ted Chiang, le film lie à cette intrigue classique une réflexion pas seulement sur la communication mais sur notre rapport au temps. Plus le récit avance, mieux l'on comprend non seulement les propos d'"Abbott et Costello" mais aussi la signification de scènes que l'on en vient à voir sous un autre angle. Il ne s'agit pas pour autant d'un twist sensationnel et bien que les dernières minutes tentent d'injecter une bonne dose de suspense et une menace, on se doute bien que les intentions des visiteurs ne sont pas belliqueuses et que ce qui doit arriver va arriver. Sur la forme, on sent la patte de Denis Villeneuve qu'il ré-exploitera dans Dune, cette volonté d'inscrire des humains minuscules dans des décors gigantesques, que ce soit la plaine du Montana où Louise est amenée ou le vaisseau lui-même à la gravité désorientante. Hormis Louise, les personnages sont longtemps filmés dans la pénombre, comme des silhouettes à peine visible avant de se dévoiler petit-à-petit.

C'est d'ailleurs clairement le film d'Amy Adams, qui trouve ici un de ses meilleurs rôles en linguiste tourmentée. Le reste du casting fait le job mais les acteurs sont là pour l'appuyer, que ce soit Jeremy Renner en physicien sympathique qui va peu à peu se rapprocher d'elle, Forest Whitaker en militaire qui essaie de mener à bien sa mission mais soumis à sa hiérarchie, Michael Stuhlbarg en agent de la CIA forcément cynique et casse-pieds ou encore Tzi Ma en général chinois peut-être un peu trop belliqueux pour ne pas constituer bien involontairement un danger potentiel. Des rôles finalement peu écrits dont ils se tirent avec professionnalisme mais l'intérêt n'est pas de ce côté.

Denis Villeneuve revisite avec bonheur le thème de la rencontre avec une civilisation extra-terrestre, y injectant une dimension supplémentaire qui loin de se contenter d'être un gadget pour surprendre, amène une émotion inattendue.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 12 Mai 2024, 18:19bouillonnant dans le chaudron "Films".