Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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American Horror Story, saison 12: Delicate
L'actrice Anna Victoria Alcott voit ses deux rêves se concrétiser: être en lice pour des récompenses prestigieuses et attendre un enfant après plusieurs tentatives de fécondation in-vitro. Bientôt, elle s'alarme: elle soupçonne qu'on cherche à l'empêcher de mener sa grossesse à terme, et les obstacles à sa course à l'Oscar disparaissent trop brutalement pour que ce soit accidentel.

Cette douzième saison est atypique pour deux raisons: tout d'abord, il s'agit de la première à être adaptée d'un roman, Delicate Condition de Danielle Valentine. Ensuite, elle est entièrement écrite par Halley Feiffer qui prend la place de Ryan Murphy au poste de showrunner. Pourtant, au terme des neufs épisodes, on constate qu'on est toujours bien dans American Horror Story tant on reste dans la ligne esthétique des saisons précédentes mais surtout tant on retombe encore une fois dans les pires travers de la série. Je n'avais guère aimé le roman. J'avais particulièrement détesté le traitement du personnage d'Io et trouvé le propos se voulant féministe étouffé par une conclusion qui ne l'était pas du tout malgré la dénonciation de vrais problèmes, avec une tonalité très individualiste qui plus est. Le milieu dans lequel se déroulait l'action, le fantastique anxiogène et la maladresse du discours le rendait cependant très compatible avec la série mais l'adaptation prend vite de grandes libertés. Un peu pour le meilleur, beaucoup pour de l'égal: ce n'est pas mieux, parfois pour les mêmes raisons, parfois pour d'autres. À ce stade, difficile de développer sans révéler des passages-clés du livre et de la saison donc au-delà de ce paragraphe, ça divulgache.

Cette saison évacue le personnage d'Io et ce qu'il tracte tout en conservant une figure analogue à travers Mrs Preecher dont l'histoire comporte des différences sensibles. On exploite bien davantage la position d'actrice oscarisable d'Anna alors que dans le roman, toutes les contraintes de la promo étaient vite évacuées, l'héroïne privilégiant sa grossesse sans qu'on lui mette trop la pression pour mener les deux de front. C'était déjà une tendance depuis plusieurs saisons mais les épisodes sont courts, un seul dépassant 40 minutes, ce qui empêche l'ennui de s'installer et on se concentre sur une intrigue, sans les codas récurrentes dans la série qui donnaient l'impression qu'au bout des deux tiers de la saison on était en impro totale (ne parlons pas de la résolution). Voilà pour ce qui fonctionne, pour le reste, aïe, aïe, aïe...

Je ne pensais pas télécharger un jour une photo de Kim Kardashian sur mon disque dur. Grâce à American Horror Story c'est chose faite. Merci, American Horror Story!

Je n'ai pas aimé le bouquin, c'est un fait, et la promo le vendant comme un Rosemary's Baby féministe grillait la révélation concernant les sorcières, qui ne cherchaient pas à nuire à Anna mais à l'aider (quoique la fin n'est pas sans ambiguïté, volontaire ou non). Néanmoins, Valentine arrivait plutôt bien à jouer sur les apparences trompeuses qui alimentaient l'inquiétude d'Anna. Ici, on comprend très vite qu'il n'y a pas de point de vue subjectif, les sorcières sont malintentionnées, point. Pourtant le scénario tente aussi de jouer la carte du féminisme mais il ne suffit pas de balancer des slogans au détour d'un dialogue et de brocarder le temps d'une vanne l'homme blanc incapable de rien accomplir par lui-même pour être féministe. Si c'est pour présenter toutes les femmes à une ou deux exceptions près comme des pétasses avides de jeunesse éternelle et qui écrasent les autres dès qu'elles ont du pouvoir, ce n'est pas la peine, merci. Il y a peut-être une dimension satirique, American Horror Story n'a jamais opté pour un ton uniformément sérieux, au contraire, mais avec ce manque habituel de subtilité, le résultat ne tient pas la route. Il n'y a pas non plus de grande subtilité dans les références, avec un prologue d'épisode montrant le tournage de Rosemary's Baby dès fois qu'on n'aurait pas vu le lien, et une implication d'un goût douteux, c'est dans l'ADN de la série après tout. De plus, si le milieu dans lequel l'actrice évolue le justifie au moins cette fois-ci (contrairement aux vampires de la calamiteuse saison 10), c'est encore un véritable défilé de mode bling-bling et il serait peut-être bien qu'une série qui prétend explorer le visage horrifique des États-Unis s'intéresse à des gens moins privilégiés socialement et qui ont autre chose à faire qu'avoir l'air stylé et excentrique.

Le casting mêle habitués et nouveaux: Denis O'Hare reprend du service comme trop souvent dans un rôle anodin, Emma Roberts tient plutôt bien sa place de personnage principal avec un bon équilibre entre femme ordinaire et actrice ambitieuse. La grosse annonce de la saison était Kim Kardashian qui joue la publiciste d'Anna. Je trouvais que le Golden Globe de Lady Gaga pour son rôle en saison 5 était une vaste blague, la série n'attire probablement plus assez l'attention pour réitérer ce hold-up. Non que Kardashian soit particulièrement mauvaise, elle est incapable de bouger les traits de son visage mais place ses répliques avec le ton voulu. Rien qu'une actrice expérimentée n'aurait pu faire, il est évident qu'on est dans le coup marketing avec un personnage taillé pour elle, prêt à tout pour rester éternellement jeune. Cara Delevingne fait illusion quand son personnage est en retrait, son cabotinage dans la dernière ligne droite est plus difficile à apprécier, au moins essaie-t-elle de ne pas rester dans une zone de confort.

Qu'importe le besoin de discrétion quand on a des tenues stylées!

Cela fait plusieurs années qu'American Horror Sory se cherche, essaie de varier les formats de narration, tente le crossover entre saisons au départ pensées pour être indépendantes, délaisse la gaudriole pour un symbolisme qui se veut puissant et émouvant dans NYC, ou ici adapte un roman... Toujours pour un résultat décevant. Delicate n'atteint pas les tréfonds qu'a pu atteindre l'anthologie mais ne convainc pas, toujours prisonnière des tares habituelles.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 26 Avril 2024, 16:07bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".