Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Crown, saison 6
Diana accepte l'invitation de Mohammed Al-Fayed à passer quelques jours à Saint-Tropez où elle noue une relation avec Dodi, le fils du milliardaire. L'attention toujours plus envahissante de la presse people conduit à une tragédie dont les conséquences vont mettre plus que jamais à jour le décalage entre la Couronne et le peuple britannique.

Depuis le début de la série et l'annonce que chaque saison couvrirait une dizaine d'années se posait une question majeure: comment Peter Morgan, déjà scénariste de The Queen, couvrirait les événements narrés dans le film de Stephen Frears? Un simple remake n'apporterait rien, les traiter par une ellipse était impensable. Les quatre premiers épisodes, diffusés en novembre, fournissent enfin la réponse et celle-ci est: pas très bien. Les épisodes ne sont jamais aussi forts que quand ils s'articulent autour d'un thème ou d'un personnage et à étaler le dernier été de Diana sur les trois premiers, on s'égare. Le deuxième est celui qui s'en sort le mieux justement parce qu'il renoue avec une construction qui a fait ses preuves: une idée conductrice avec la "bagarre" médiatique par photographes interposés entre Diana et Charles et une opposition nette entre le paparazzo qui va exposer au monde la relation entre Diana et Dodi (et qui est incarné par Enzo Cilenti, c'est toujours bon à prendre) et le photographie écossais bien plus révérencieux et modeste qui va immortaliser Charles et ses deux fils.

La relation entre Dodi et Diana, pilotée au départ par les ambitions contrariées de Mohammed Al-Fayed, est plus intéressante que ce que j'espérais mais ne méritait peut-être pas non plus autant de temps pour le résultat que l'on sait. Quand vient l'épisode traitant de la crise monarchique entrainée par le décès brutal de l'ancienne Princesse de Galles, Morgan échoue à livrer quelque chose d'aussi fort que The Queen puisqu'il avait attaqué le sujet par le meilleur angle, la relation entre la reine et Blair, leurs conceptions différentes de la marche à suivre. Ici, les deux personnages deviennent presque secondaires, Imelda Staunton et Bertie Carvel n'ont guère l'occasion de briller et l'on se concentre sur les à-côté. Charles en bénéficie avec un rôle plus sympathique qu'autrefois, la détresse d'Al-Fayed émeut malgré ses actions précédentes mais demeure la fâcheuse impression de ne voir que des chutes de The Queen. La qualité d'interprétation est toujours au rendez-vous mais la saison finale démarre bien maladroitement. Heureusement, la deuxième partie repart sur de meilleurs rails.

On donne enfin à Bertie Carvel et Imelda Staunton l'occasion d'occuper le devant de la scène au travers d'un épisode où la reine se sent menacée par la popularité de son ministre mais cherche ses conseils pour moderniser la Couronne... Pour ne pas changer grand chose tandis qu'on annonce la future disgrâce de Blair. Les adieux à Margaret sont poignants. La princesse rebelle en pleine déchéance physique se remémore un épisode du 8 mai 1945 où elle et sa sœur s'étaient mêlées à la foule incognito pour célébrer la victoire. On brode évidemment (la sortie a eu lieu mais avec l'autorisation des royaux parents) mais c'est l'occasion de rappeler la proximité des deux femmes que leur personnalité et leur position ont souvent opposé. Si la romance entre William et Kate n'est pas franchement ce qui s'annonçait le plus palpitant, le virage est bien négocié, montrant un couple finalement assorti et pas antipathique sans occulter les ambitions et les manœuvres de la famille Middleton.

Le dernier épisode, enfin, offre une bonne conclusion. Le choix de clore sur le mariage de Charles et Camilla peut surprendre (j'imaginais le jubilé réussi de 2002 comme une bonne manière d'achever sur un retour de la grâce populaire après les années Diana) mais on y greffe les préparatifs des funérailles d'Elizabeth II, ce qui permet de se projeter dans un futur que l'on connait déjà tout en conservant du recul. Là encore, Morgan romance (peut-on réellement imaginer la reine envisager d'abdiquer et l'annoncer lors d'un mariage que l'opinion publique a fini par accepter mais qui n'allait pas de soi à l'époque?) mais c'est l'occasion de tirer un bilan, un dialogue intérieur entre différentes incarnations alors qu'Elizabeth commence à envisager sa fin. L'occasion de rendre un bel hommage à la reine tout en conservant un regard critique vis-à-vis de l'institution qu'elle aura incarné.

Après une première partie compliquée qui laisse craindre que Peter Morgan ait perdu l'étincelle des débuts, cette ultime saison s'achève donc sur une bonne note, teintée de mélancolie, peut-être plus apaisée dans sa manière de dépeindre les Windsor et d'annoncer les tempêtes à venir mais toujours passionnante bien que l'on puisse regretter que l'aspect historique ait de plus en plus laissé place à l'intime.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 15 Décembre 2023, 20:14bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".