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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Body snatchers: L'invasion des profanateurs
Miles Bennell, médecin dans une paisible petite ville de Californie, reçoit la visite de Becky Driscoll, amour de jeunesse qui l'alerte sur le cas de sa cousine Wilma, convaincue que son oncle n'est plus lui-même. L'homme est pourtant identique jusqu'au moindre détail, physiquement ou dans son comportement. Balayant tout d'abord les inquiétudes de Wilma, Miles voit d'autres personnes défiler dans son cabinet avec les mêmes craintes, jusqu'à ce qu'il ait la preuve qu'il ne s'agit pas d'un délire collectif: les habitants de Mill Valley sont remplacés peu à peu par des entités extra-terrestres.

Comme La Guerre des Mondes d'H.G Wells ou Les coucous de Midwich de John Wyndham, Body snatchers de Jack Finney fait partie de ces classiques de la science-fiction que l'on connait souvent mieux grâce aux nombreuses adaptations que parce que l'on a lu le livre. Écrit dans les années 50 puis retravaillé par l'auteur lui-même vingt ans plus tard pour le transposer dans les années 70 en atténuant au passage le tabagisme et le sexisme, il repose en France sur un curieux malentendu lié au titre de la première adaptation sortie chez nous, L'invasion des profanateurs de sépultures, alors que les profanateurs en question laissent les morts reposer en paix et visent les vivants.

Avec ces aliens supplantant les humains dont ils adoptent tous les traits et les souvenirs, on a en tout cas l'histoire parfaite pour titiller la paranoïa du lecteur. À qui faire confiance, l'ami d'hier pouvant déjà être devenu l'ennemi, les gens sont-ils forcément ce qu'ils paraissent en public, comment enrayer l'invasion? À l'instar de La Guerre des Mondes qui peut selon l'époque où l'on remet l'intrigue sur le tapis évoquer plusieurs peurs différentes (critique du colonialisme pour Wells, Guerre Froide dans les années 50, traumatisme du 11 Septembre dans les années 2000...), on peut voir dans les Aliens issus des cosses différentes menaces, ce que l'on ne s'est pas privé de faire (l'adaptation de Don Siegel a pu être lue comme anti-communiste alors que pour le scénariste et le producteur, on avait plutôt le maccarthysme dans le viseur).

Cela explique pourquoi Body snatchers reste pertinent malgré un aspect daté. L'auteur lui-même a beau avoir retouché sa propre œuvre et lâché en passant dans le texte la date de 1976, on sent que le roman a été à la base écrit dans les années 50 et il semble toujours s'y dérouler, avec ses femmes toutes prêtes à faire le petit-déjeuner après une nuit éprouvante tandis que les hommes discutent de la situation. Pour être juste, Becky ne se contente pas de suivre Miles partout et d'être gironde, elle se montre fort utile à la fin. Fin par ailleurs expéditive, après une montée en puissance de l'angoisse, des protagonistes de plus en plus isolés dans un combat déséquilibré, Finney opte pour une issue rassurante et plus flatteuse sur le genre humain que celle de La Guerre des Mondes.

Body snatchers: L'invasion des Profanateurs est un court roman particulièrement efficace malgré sa conclusion trop facile pour pleinement satisfaire. En peu de temps, Finney arrive à faire vivre cette petite ville sans histoire avant de faire grimper l'horreur et les soupçons, sans laisser de répit à ses héros.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 1 Novembre 2023, 19:45bouillonnant dans le chaudron "Littérature".