Inferno, petite ville du Texas ruinée, voit son quotidien perturbé par la chute de ce qui ne peut être qu'un OVNI. Stevie, la fille de Jessie Hammond, la vétérinaire locale, est possédée par l'occupant du vaisseau, une entité qui ne veut aucun mal aux humains mais craint l'arrivée très prochaine d'un ennemi redoutable qu'elle surnomme Scorpion. Ses craintes sont fondées et les habitants d'Inferno ne sont pas préparés à accueillir le nouveau venu.

Je poursuis mon exploration de l’œuvre de Robert McCammon, période Pocket Terreur. La Malédiction de Bethany ne manquait pas de tension mais allait parfois trop vite en besogne avec un personnage dont les choix permettaient d'offrir quelques scènes de flippe efficaces mais artificiellement amenées. Scorpion a pour lui son pitch de bonne petite série B de SF des années 80/90: un alien s'échoue dans un bled en déliquescence de l'Amérique profonde et montre des intentions pacifiques mais on ne peut en dire autant de l'autre alien chargé de le traquer. On commence par faire la connaissance des personnages principaux que tout oppose mais qui vont se retrouver bon gré mal gré à devoir faire équipe: une véto et son mari prof, leurs deux enfants, Ray et Stevie, la dernière étant plus importante non pour sa personnalité mais parce qu'elle sera vite possédée par le gentil alien; Cody et Rick, les chefs de gangs d'adolescents rivaux, toujours prêts à la bagarre mais dont on montre qu'ils n'ont en fait pas mauvais fond; Rhodes, un militaire dépêché sur place quand le vaisseau en chute libre a pénétré dans l'atmosphère; Vance, le shériff trouillard qui se laisse malmener par la veuve du potentat local et le trafiquant de la ville... Sans parler d'autres habitants qui vont pour la plupart servir de victimes et de chair à canon pour Scorpion, un extra-terrestre aux méthodes particulièrement répugnantes et à l'apparence qu'on tarde à découvrir mais qui est elle aussi bien dégoûtante.

L'action se passe sur une journée et une nuit, pas le temps de souffler à peine a-t-on fait connaissance des personnages, tous au départ archétypaux ce qui ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être attachants (Sarge!) ou recéler quelques surprises (on ne parie pas un sou sur le shériff ou Céleste et pourtant): Scorpion dispose d'une technologie meurtrière et le combat est donc très déséquilibré mais bien sûr, il ne faut pas sous-estimer les ressources dont peuvent faire preuve les humains ou en tout cas un petit groupe motivé d'entre eux. Les scènes gores font parfois place à des moments pleins de bons sentiments qui peuvent paraître en comparaison un peu trop guimauves mais il n'y a guère loisir de s'ennuyer dans cette aventure, ce qui fait que l'on passe sur les petits défauts, y compris ce qui pouvait déjà faire ringard à l'époque de la publication comme les membres du gang des Crotales qui hurlent "destroy" à la moindre occasion.

Dans son genre, Scorpion est une petite réussite, gardant l'invasion extra-terrestre à un niveau purement local pour mieux mettre à l'épreuve une communauté déjà en difficulté qui va trouver l'occasion de se ressouder, préférant à un assaut de grande ampleur une approche plus modeste mais aussi bien menée qu'occasionnellement touchante.