Isaac Sidel est président des États-Unis depuis un mois et n'a guère le temps de goûter à un quelconque état de grâce. Isolé par sa propre équipe, son rayon d'action est inexistant. Pourtant, il gêne encore suffisamment pour qu'on le menace de mort. Qui pourrait forcer sa garde rapprochée pour l'atteindre et pourquoi?

Clap de fin pour Isaac Sidel? Peut-être pas tant il a pris l'habitude de revenir quand on l'attend le moins mais désormais Président des États-Unis suite au départ de J. Michael Storm, que pourrait-il devenir de plus et pourrait-il redevenir le commissaire Rose ou même le maire de New York? À la tête des États-Unis, Sidel est comme de juste totalement incongru mais hélas inefficace tant sa marge de manœuvre est réduite à rien. Tellement isolé qu'on ne revoie pas nombre de personnages récurrents pour qui on n'a même pas une pensée: Marianna Storm, Margaret Tolstoï, Aliocha, les mafieux habituels ou encore Manfred Coen par qui tout a commencé... Ce passé n'existe pour ainsi dire plus et si Marilyn la Dingue et Barbarossa font une apparition, pas question donc de faire un défilé des têtes connues pour entériner des adieux qui n'en sont peut-être pas. Isaac a assez à faire avec le présent.

Un présent qui est en fait la fin de la Guerre Froide et alors que s'effondre le bloc communiste et qu'Isaac peine à avoir sa place dans tout cela, il se pique de faire une visite à Prague sur les traces de Kafka, tout cela alors que de puissants ennemis qui le jugent encombrant sont bien décidés, pour des raisons diverses, à ce qu'il ne passe pas l'année. Naturellement, Isaac ne fait rien de prévisible, ce n'est pas qu'il y a de la folie dans sa méthode ou de la méthode dans sa folie, il semble porté par son obsession du moment et les circonstances, perdant en popularité rapidement puis la regagnant sur une action d'éclat qui a peu à voir son rôle de président... Il lui faut discerner qui est loyal, qui est traitre, qui est intéressé et par quoi autour de lui pour survivre, ce qui est sa spécialité malgré tout et l'on croise toujours des personnages aussi improbables que lui, rescapés de tragédies indicibles où ils ont rarement eu le beau rôle mais auxquelles ils ont réchappé plus ou moins entiers.

Toujours délirant grâce à ses personnages insolites et sa volonté de ne pas se laisser dicter les rebondissements par le moindre soucis de réalisme, ou de vraisemblance, ou de crédibilité, sans que cela n'empêche d'accepter tout ce qui se passe sans broncher, parce que c'est une aventure de Sidel et donc tout est possible, Avis de Grand Froid se teinte d'un sentiment de mélancolie, avec cet anti-héros dont on n'aura peut-être plus de nouvelles.