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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Taxi Driver
Ancien marine en proie à des insomnies, Travis Bickle est chauffeur de taxi de nuit à New York. Ruminant sur la putréfaction du monde qui l'entoure, incapable de nouer une relation stable, Travis sombre peu à peu dans la folie.

Martin Scorsese derrière la caméra, Paul Schrader au scénario, un des rôles qui ont fait de Robert De Niro la star que l'on sait, révélation de Jodie Foster, une Palme d'Or, nommé quatre fois aux Oscars, une scène citée abondamment... Taxi Driver fait partie de ces classiques du cinéma que l'on a toujours un peu peur de découvrir, surtout sur le tard, car le risque de se dire que d'accord, c'est pas mal mais pas de quoi en faire tout un foin est toujours présent. Les films qui ont eu une grosse influence paraissent parfois peu originaux ou révolutionnaires alors qu'ils sont la source des éléments que l'on trouve rebattus. La diffusion récente du film sur Arte était justement l'occasion de me faire une idée. Eh bien pour commencer, je comprend mieux les reproches des spectateurs qui ont si peu été impressionnés par Joker de Todd Phillips et soulignaient les similitudes entre les deux long-métrages ainsi qu'avec La Valse des Pantins du même Scorsese.

Vétéran du Vietnam souffrant probablement d'un syndrome post-traumatique et livré à lui-même, Travis Bickle accepte un job de chauffeur de taxi pour meubler ses nuits d'insomnies. Loin de l'éloigner de ses idées morbides qui tournent en boucle sous son crâne et qu'il confie à un journal qui n'a rien à envier à celui de Rorschach, il est confronté aux aspects les plus glauques de la vie nocturne new-yorkaise dont il ne se distrait qu'en fréquentant les cinémas porno et en fantasmant une relation avec Betsy, une militante en campagne pour les primaires du candidat Charles Palantine. Quand il obtient un rendez-vous avec elle, celui-ci tourne court et renvoie Travis à sa rancœur. La descente progressive de Travis dans la folie annonce une explosion violente qui finit par arriver... aux dépens de proxénètes que Travis décide d'éliminer pour sauver de leurs griffes Iris, une prostituée de douze ans, faisant du chauffeur de taxi un héros. Mais est-ce vraiment le cas? Ce dénouement est bien trop idéal au regard du monde sans concessions dans lequel Travis évolue et ressemble plus au délire d'un mourant (jusqu'au retour de la femme désirée qui n'a pas voulu de lui, désormais admirative et qu'il peut désormais se permettre d'élégamment repousser à son tour).

Taxi Driver ne se limite toutefois pas à une fin ambigüe, une conclusion ouverte à l'interprétation comme on a pu en voir fleurir par la suite. En plus d'une intrigue qui met en relief un New York particulièrement sombre, entre le sordide de ses trottoirs arpentés par des prostituées souvent mineures, leurs maquereaux et leurs clients, et une sphère politique aux discours creux et populistes, le personnage principal ne peut que perdre pied faute d'une base solide sur laquelle s'appuyer. Il se fait des films, idéalisant une femme qu'il ne juge que sur son apparence puis inventant dans une lettre à ses parents (sont-ils même encore de ce monde?) une relation avec elle qui n'aurait pas été vouée à l'échec, se donnant le rôle de sauveur quand il ne s'agit que d'évacuer sa violence qui aurait pu avoir une toute autre cible. La réalisation de Scorsese s'emploie à montrer cet homme perdu, entouré de monde mais désespérément seul, à dépeindre une nuit urbaine éclairée seulement par des néons se reflétant dans les vitres et les rétroviseurs du taxi, éloignant encore plus Travis d'une quelconque réalité.

Pour porter cette histoire il fallait une distribution à la hauteur et dans le rôle de Travis Bickle, De Niro parvient à merveille à montrer l'escalade du personnage sans trop en faire, cet homme en apparence ordinaire mais qui bouillonne de plus en plus et s'enferre dans ses obsessions. Jodie Foster hérite probablement du rôle le plus délicat néanmoins, et s'en tire avec une sacrée maturité sans jamais faire perdre de vue qu'elle interprète une gamine sous emprise malgré ses protestations du contraire. On repère également Harvey Keitel en mac faussement bienveillant affublé d'un pur look années 70 tandis que Cybill Shepherd fait également bien le taf dans le rôle de Betsy, nécessaire mais qui donne moins l'occasion d'impressionner comme ceux de ses camarades déjà cités. On ne peut pas ne pas parler de la musique du grand Bernard Hermann, au thème jazzy envoutant et loin de ses partitions habituelles.

Taxi Driver explore des zones trop désagréables pour qu'on ressente vraiment du plaisir à sa vision mais l'admiration qu'il suscite est bien placée et il n'est pas difficile de comprendre son statut d’œuvre culte à voir au moins une fois dans sa vie (et ce n'est pas une corvée).
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 16 Août 2023, 16:09bouillonnant dans le chaudron "Films".