Ann, la reine des Ooogaboos, décide un beau matin d'envahir Oz. Son armée d'officiers involontaires est vite égarée par Glinda et croise la route de Betsy, de son mulet Hank et de l'Homme hirsute à la recherche de son frère retenu prisonnier par le roi des Nomes.

On avait déjà remarqué que L. Frank Baum n'était pas très à cheval sur la continuité d'un roman du cycle d'Oz à l'autre, c'est ici particulièrement flagrant. Glinda avait plongé le royaume d'Ozma dans une autarcie magique? Cela n'empêchera pas Betsy et son mulet, qui nous viennent d'Oklahoma, de se retrouver dans le voisinage du monde magique sans plus d'explications et d'y croiser l'Homme Hirsute, Tik-Tok et toute la bande. Un personnage de petite fille très voisin de Dorothy sans même un semblant de passé en dehors de son État d'origine. Le roi des Nomes et son armée, après avoir bu à une fontaine magique, avaient perdu la mémoire et celle de leur malfaisance avant de rentrer chez eux? On les retrouve dans la même situation que deux tomes auparavant, la seule différence est que le vilain roi, ayant oublié son nom mais pas le reste, se fait désormais appeler Ruggedo. L'Homme hirsute a récupéré son aimant magique mais il doit désormais le sortir de sa poche pour qu'il fasse effet. En contrepartie (et peut-être à force de recevoir du courrier lui posant la question), Baum aborde dans les dernières pages le sujet du mutisme de Toto (pour y donner la réponse la plus prévisible évidemment mais aussi celle qui tenait le mieux la route).

Est-ce grave, docteur? Pas vraiment puisqu'on avait déjà pu constater que le monde d'Oz était inventé au fur et à mesure et que la cohérence interne était maintenue au minimum sans que cela change finalement grand chose à l'appréciation que l'on pouvait avoir des intrigues. Que vaut donc cette huitième aventure? Comme dans Ozma of Oz, le personnage du titre ne joue pas vraiment un rôle de premier plan dans l'intrigue, n'est pas développé plus qu'auparavant et ne tient pas un poste-clé dans la résolution de l'histoire. On aurait pu aussi bien appeler ce volume Ann of the Oogaboos ou que sais-je sans que cela change grand chose. Reste que l'histoire, toujours très balisée, est plutôt plaisante, que les interactions entre Nomes (dont on se demande pourquoi ils ne renversent pas leur roi, malgré ses pouvoirs magiques) sont souvent amusantes même si Betsy n'est pas une héroïne mémorable car elle n'apporte rien de neuf par rapport à Dorothy et ne s'inquiète même pas de rentrer chez elle.

La routine donc mais une routine qui n'a toujours rien de désagréable car le récit présente toujours autant de charme et de décontraction que les précédents.