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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Babylon
À Hollywood, en 1926, vont se croiser les trajectoires de Manuel Torres, homme à tout faire d'un puissant producteur souhaitant travailler dans le cinéma, de Nellie LaRoy, aspirante vedette, de Jack Conrad, tête d'affiche populaire qui accumule les divorces, de Sidney Palmer, trompettiste virtuose et de Fay Zhu, spécialiste des intertitres et chanteuse. Alors que le parlant arrive, la carrière de certains va décliner tandis que celle des autres décollera... Mais pour combien de temps?

Je n'ai pas vu les très révérés Whiplash et La LaLand et First Man était jusque-là le seul Damien Chazelle que je connaissais. L'exemple-type du film auquel je n'ai rien à reprocher mais qui me laisse sur le pas de la porte. Babylon est aussi exubérant sur la forme que l'épopée de Neil Armstrong était austère (du moins dans mon souvenir). Dépeignant un Hollywood à la période charnière du passage du muet au parlant, il en montre aussi les excès réels ou fantasmés, en démarrant très fort par une scène de fiesta chez un patron de studio qui vire rapidement à l'orgie. Vaguement inspiré du livre Hollywood Babylone de Kenneth Anger qui chroniquait les scandales et les rumeurs les plus crapoteuses de l'usine à rêves, Chazelle met en scène des personnages fictifs (à l'exception d'Irving Thalberg, producteur surdoué de la MGM qui fait des apparitions ponctuelles sous les traits de Max Minghella) basés sur des figures réelles telles que John Gilbert, Clara Bow, Anna May Wong... Des stars au destin contrarié, qui n'ont pas pu maintenir leurs carrières car passées de mode, poursuivies par les scandales ou incapables de trouver leur place dans une industrie qui les cantonnait à des rôles secondaires ou stéréotypés.

La première heure est survoltée et délirante. Divisées en deux longues séquences, la fête puis une journée de tournage, elle entraine le spectateur dans un tourbillon de folie tout en présentant les différents personnages. C'est également là que sont concentrés la plupart des éléments trash, en quelques minutes on est inondé de déjections d'éléphant, on assiste à une golden shower, le film est, autant prévenir, très généreux en fluides corporels en tout genre. On peut en être dégouté mais il y a une telle virtuosité dans le montage, dans la musique de Justin Hurwitz, qu'on se laisse emporter facilement par la folie ambiante. Après cela, on peut craindre que le soufflé retombe et si ce qui suit (jusqu'à la dernière partie) est plus classique, le rythme ne faiblit pas. Néanmoins, film délibérément excessif oblige, tout ne passe pas forcément et si je n'ai pas détesté le virage horrifique surréaliste provoqué par l'apparition de Tobey Maguire étonnant en gangster psychotique, je suis réservée sur sa nécessité pour conclure l'intrigue entre Nellie et Manny.

Dépeindre la difficulté pour les acteurs de passer du muet au parlant n'est pas neuf. D'ailleurs, alors que je trouvais Chantons sous la Pluie bien trop évident comme référence pour une scène avec Jack Conrad, l'influence est non seulement avouée mais Chazelle procède à un échange: le film de Stanley Donen l'a inspiré mais ce dernier s'est aussi nourri d'expériences vécues par l'équivalent de ses personnages. De plus, il est intéressant de montrer que la fin de carrière de Conrad n'est pas dû, pour une fois, à une voix ridicule ou à un accent hors-sujet mais simplement au fait que le public est passé à autre chose. Le ton est tour-à-tour tragique et comique. Le comportement autodestructeur des personnages entraine un prix et en même temps, on assiste à des sorties de route tellement délirantes qu'on part dans le burlesque noir comme avec la scène du crotale. Cependant, on se demande un peu où le réalisateur veut en venir: qu'il aime le cinéma mais pas l'industrie qui l'entoure? Que toutes ces vies détruites ne l'ont pas été en vain puisqu'il en reste des films qui touchent des millions de spectateurs même des décennies après la mort de ceux qui les ont confectionnés? Babylon n'est d'ailleurs pas sans m'avoir rappelé Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino qui m'avait aussi laissée un brin confuse. Deux films où l'on retrouve Pitt et Robbie au générique (cette dernière en actrice qui va se regarder sur grand écran dans les deux films d'ailleurs même si la scène parait plus justifiée dans Babylon), où l'on voit un Hollywood à une époque de changement qui en laisse certain sur le carreau, avec une petite flambée gore sur la fin...

Puisqu'on parle du casting, ce dernier est fort réussi. Brad Pitt hérite d'un rôle taillé sur mesure en grande star adulée et n'est pas spécialement surprenant car on l'a déjà vu cabotiner avec bonheur avant mais le destin prévisible de son personnage émeut, tout comme sa relation avec son producteur, d'abord jouée sur le mode comique avant de prendre un tour sombre. J'avais des doutes sur Margot Robbie tant elle me semblait anachronique dans son look mais c'est un parti-pris du film qui ne se cantonne pas à elle comme en témoigne la scène de fête en ouverture où ni la musique, ni la manière de danser des convives n'évoquent vraiment les années 20 (pas de charleston ici!) et elle s'avère excellente pour montrer la vulnérabilité cachée derrière la façade provocante. Diego Calva parvient à insuffler du relief à un personnage qui aurait pu n'être qu'un témoin avatar du spectateur mais a finalement ses propres failles. Jean Smart tire aussi son épingle du jeu en échotière qui fait et défait les carrières et dont la leçon qu'elle donne à Jack Conrad reste en mémoire.

À la fois classe et vulgaire, enthousiasmant et peu ragoûtant, proposant des scènes d'une maîtrise extraordinaire et des dérapages incongrus, Babylon est une plongée-choc dans un Hollywood en pleine décadence et encore en formation. Difficile de dire comment le film va murir dans mon esprit et supporter une revoyure sur petit écran mais en l'état c'est la belle claque de début d'année.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 7 Février 2023, 17:19bouillonnant dans le chaudron "Films".