Viserys est mort et Alicent, persuadée qu'il a désigné son fils Aegon comme héritier avant d'expirer, tente d'organiser son couronnement avant que Rhaenyra ne puisse réagir. Alors qu'Aegon demeure introuvable, les représentants des maisons nobles présents à Port Réal doivent choisir leur camp.

Les neuvièmes épisodes des premières saisons de Game of Thrones étaient le pinacle de celles-ci, soit parce qu'on y voyait une grande scène de bataille attendue, soit parce qu'un coup fourré mettait hors jeu des personnages que l'on ne voulait pas perdre de sitôt, voire que l'on n'imaginait pas mourir. Aussi, alors que la mort de Viserys allait mettre fin à la période de paix et de prospérité des Sept Couronnes, il y avait lieu de penser que The Green Council allait frapper un grand coup. Est-ce le cas? Oui et non. Oui, car il s'agit manifestement d'un épisode pivot après qu'une bonne partie de la saison ait été consacrée à poser les racines anciennes du conflit qu'on attend tous. Oui car les dernières minutes offrent une scène spectaculaire. Néanmoins, contrairement aux mythiques épisodes 9 de la série-mère, il n'y a pas de moment durablement choquant qui rebat les cartes en éliminant un joueur-clé. Il y a quelques morts de loyaux sujets de Rhaenyra, qui n'arrivent pas sans un petit pincement de cœur devant un sort aussi expéditif qu'injuste mais on ne peut pas vraiment comparer cela aux malheurs et aux victoires de la maison Stark.

En se centrant sur Port Réal et le clan des Verts, partisans de couronner Aegon, The Green Council montre les coulisses d'un coup d'état ourdi de longue date par Otto Hightower et quelques alliés de choix, dans lequel Alicent n'était pas impliquée. Cependant, sa mauvaise interprétation des dernières paroles de son époux arrangent bien tout le monde, malgré le choc de la reine de voir qu'on tramait une trahison dans son dos. Les Verts ne forment pas un clan uni même s'ils se dirigent vers un objectif commun et cela s'illustre dans les efforts d'Otto et d'Alicent d'être les premiers à mettre la main sur Aegon. Ce dernier, qu'on ne se contente pas de présenter comme un écervelé geignard violeur de servantes mais aussi comme un sadique amateur de combats d'enfants, rien que ça, a au moins le bon goût, contrairement à l'autre enfant terrible sacré roi, Joffrey, de ne pas convoiter une couronne pour laquelle il est bien conscient de ne pas être fait. Cela ne l'empêche pas de se laisser embarquer et à le voir grisé par les acclamations de la foule à son égard, il pourrait bien vouloir s'accrocher à ce pouvoir, plus pour flatter son égo que pour l'exercer judicieusement.

Cet épisode continue donc de creuser les caractères et les oppositions. La plus symbolique est celle qui divise les jumeaux Arryk et Erryk, chevaliers de la garde royale qui vont choisir un parti différent. Aemond s'emploie à obéir à sa mère et lui amener Aegon mais ne cache pas son mépris pour son aîné ni son sentiment qu'il est davantage taillé pour le poste (il prend certes le travail au sérieux mais son caractère n'annonce pas un potentiel roi bienveillant). Otto est obligé de traiter avec Mysaria, ce qu'il n'oubliera pas, tandis qu'Alicent s'est attirée les services de Larys, non sans en payer le prix. Faire de l'homme au pied-bot un fétichiste des pieds n'est pas la décision la plus fine de l'équipe d'écriture, c'est le moins que l'on puisse dire et j'avoue être déçue de la direction que prend le personnage qui pourrait être tellement plus intéressant qu'un intrigant glauque. Il est suffisamment mystérieux pour laisser libre cours à l'imagination mais drôle d'idée tout de même.

Jusqu'à ses dernières minutes dans la fosse aux dragons, The Green Council sait tenir en haleine mais il manque l'étincelle qui fait les grands épisodes 9. On peut compter sur Rhaenys, l'un des personnages les plus tranquillement cool de la saison qui prend ici le devant de la scène, tout d'abord en exposant quelques vérités à Alicent, ensuite en faisant une entrée fracassante pour effacer le sourire des Hightower lors du couronnement. On peut ironiser en évoquant Shrek ou s'étonner qu'elle ne mette pas fin au conflit d'un dracarys lapidaire, néanmoins, Aegon reste son neveu et être étiqueté kinslayer n'est jamais bon à Westeros. Pas aussi tabou que d'assassiner des invités à qui on a offert le pain et le sel mais à peine plus tolérable. De plus, en partant avec son dragon aux côtés de Rhaenyra, elle peut encore espérer pousser les Verts à négocier.

Aegon II et les Verts ont donc l'avantage de tenir la capitale et d'avoir fait le premier pas mais ils n'en restent pas moins vulnérables. Le prochain épisode passera du temps avec les Noirs et on termine finalement la saison sur ce qui ressemble à un diptyque contrairement au schéma familier, dont la deuxième partie reste à découvrir mais qui s'annonce explosive.