Une simple mission de routine pour le détective de l'Agence continentale: monter la garde près des cadeaux de mariage dans une riche demeure de l'île de Couffignal. Lorsque das gangsters prennent d'assaut la banque locale, il doit cependant quitter son poste pour rétablir l'ordre.

Ayant fait le tour des romans, pas si nombreux que cela, de Dashiell Hammett, me voilà lancée dans ses nouvelles mais hélas, en français, il n'y a finalement pas grand chose de disponible (les aventures de Sam Spade, hors Faucon Maltais, n'ont plus été rééditée depuis belle lurette, par exemple). Le Sac de Couffignal est quoiqu'il en soit un récit plaisant, porté sur l'action puisque le petit boulot tranquille du détective est vite abandonné alors que la petite ville prospère et insulaire de Couffignal est attaquée par des gangsters armés jusqu'aux dents. Naturellement, tout n'est pas ce qu'il parait et l'on ne sera guère surpris de découvrir une entourloupe ni de la nature de celle-ci mais le détective ne se laisse jamais démonter et on s'amuse bien.

L'édition Folio est suivie par une autre nouvelle, Âmes malhonnêtes dans laquelle un imbuvable millionnaire engage le détective pour retrouver sa fille enlevée contre une demande de rançon. Là encore, on pourra voir venir de loin le renversement de situation, d'autant qu'il est similaire à celui de Papier tue-mouches et qu'il est classique dans les histoires d'enlèvement. Hammett a écrit ces nouvelles il y a près d'un siècle cependant alors on ne va pas lui reprocher de faire dans le réchauffé. De plus, aussi classique soit-elle, comme pour la précédente, le portrait des personnages et le rythme font qu'on se laisse mener avec le plus grand plaisir.

Tulip est d'une toute autre nature puisqu'il s'agit des 80 premières pages d'un roman inachevé (suivi des toutes dernières lignes). Point de fin limier (encore que) dans cette histoire puisqu'il s'agit d'un roman semi-autobiographique dans lequel un vieil homme reçoit la visite d'un ami, le texte est constitué presque entièrement de dialogues, entre les deux personnages, la famille qui héberge le narrateur, on entrevoit le passé de ce dernier et de Tulip sans discerner où l'on va. C'est très différent du reste de la production de Hammett et il est difficile de juger du résultat, incomplet et qui devait probablement avoir vocation à être retravaillé une fois le manuscrit achevé. C'est un aperçu intéressant de ce qui aurait pu être un tournant dans la carrière de l'écrivain s'il avait vécu plus longtemps mais on devra en rester là. L'édition comporte également une postface de Lillian Hellman, la même que celle présente dans L'Intouchable et Papier tue-mouche.

Comme ce dernier volume, Le Sac de Couffignal est réservé aux complétistes de l’œuvre de Dashiell Hammett, ou tout simplement, si l'on recherche un lecture rapide et qui détend. Ces nouvelles remplissent parfaitement cet office même si on leur préférera les romans largement plus consistants de l'auteur.