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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Barton Fink
Barton Fink, dramaturge new-yorkais en pleine ascension, accepte de se rendre à Hollywood pour devenir scénariste tout en craignant d'y perdre son intégrité. Il s'installe dans un hôtel en déliquescence et fait connaissance avec Charlie Meadows, un représentant en assurances qui loge dans la chambre à côté de la sienne.

Quatrième long-métrage pour les frères Coen, et celui de la consécration puisqu'après des débuts déjà prometteurs, ils ont avec Barton Fink cumulé trois prix à Cannes, ce qui a d'ailleurs valu au festival de revoir sa politique d'attributions pour éviter ce type de monopole. Pourtant, le scénario du film a été écrit presque par hasard, en trois semaines, alors que Joel et Ethan calaient sur celui de Miller's Crossing. Bien qu'il y soit question d'un jeune auteur lui-même soumis à un blocage d'écriture et qui peine à s'intégrer à l'univers impitoyable d'Hollywood, Barton Fink mélange les genres en s'ingéniant à déstabiliser. On a donc un portrait acide de l'usine à rêves de l'âge d'or à travers des personnages hauts-en-couleurs qui évoquent des figures de l'époque: le patron de grand studio qui attire les talents et les flatte puis les exploite sans se soucier de faire de l'art, le producteur grincheux et impatient, le grand auteur alcoolique déchu, le jeune dont les grands principes vont être mis à l'épreuve...

Cela suffirait déjà à faire un film mais aux studios lumineux et froids, les Coen ajoutent un décor encore plus fascinant, celui de l'hôtel Earle, tout droit sorti d'un film d'horreur. Les murs suintent, le papier-peint se décolle à cause de la chaleur, et la photographie de Roger Deakins, dont c'est la première collaboration avec les frères Coen, rend tout cela encore plus sinistrement beau. Le personnel est réduit à un groom serviable mais qui a la tête de Steve Buscemi et à un liftier en fin de course et les clients ne semblent pas plus nombreux puisqu'on entendra des bruits témoignant d'une occupation mais que l'on ne verra que Barton et son voisin, le jovial Charlie Meadows. C'est ce personnage, qu'on ne croisera jamais hors de ce lieu même s'il s'en absente qui fait basculer le film dans une autre dimension, jusqu'à un dénouement infernal mais comme souvent chez les Coen, teinté d’ambiguïté (et dans les années 90 il semble y avoir eu un truc autour des boites au contenu qu'on préfère ne pas connaître et que l'on ne nous montrera pas).

Avec le rôle-titre, John Turturro hérite d'un personnage difficile à apprécier: son désir de conserver son intégrité artistique est louable mais il est montré comme pompeux, désireux de représenter dans son œuvre l'homme de la rue mais incapable d'écouter ce que ce dernier peut lui dire quand il se trouve en face de lui, choqué par la conduite de Mayhew envers sa secrétaire et muse Audrey mais appelant cette dernière en pleine nuit pour qu'elle l'aide à régler ses problèmes de page blanche... Pourtant, on ne peut s'empêcher de le plaindre et de stresser pour lui quand le double piège se referme sur lui, que ce soit celui de Charlie ou celui d'une nature différente de Lipnik, le boss du studio Capitol qui l'a engagé. John Goodman est parfait en ogre à la fois jovial et terrifiant et comme d'habitude chez les Coen, on a une galerie de seconds rôles mémorable: Tony Shalhoub en producteur colérique, John Mahoney en pseudo William Faulkner, Judy Davis en maîtresse encaissant tout...

Malgré des éléments intrigants qui semblent posés là pour faire cogiter comme le tableau dans la chambre de Fink qui est repris dans la scène finale et qui laissent penser que le film est rempli de symboles et de sens cachés, Barton Fink, tout déstabilisant qu'il puisse être dans son mélange de tons et son atmosphère anxiogène, ne perd jamais le spectateur et tout s'imbrique admirablement, la fusion entre l'intrigue hollywoodienne et l'intrigue horrifico-policière se fait harmonieusement et les deux se répondent alors que l'étau se resserre autour de Barton Fink, dont on ne sait pas à la fin ce qui le détruit le plus, les actes de Charlie ou ceux de Lipnik.

Réflexion sur l'écriture et la création, satire du monde des studios hollywoodiens, thriller, Barton Fink est tout cela à la fois et même si ça ne sera probablement pas mon opus favori des Coen auquel j'en préfère de plus modestes en apparence, il s'agit d'une réussite incontestable et l'un des fleurons de leur filmographie.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 24 Septembre 2022, 16:59bouillonnant dans le chaudron "Films".