Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre
Artiste peintre récemment séparée, Anna passe son existence un verre de vin à la main à observer les activités du quartier par la fenêtre de sa vaste demeure. Une nuit, elle aperçoit une femme agoniser dans la maison d'en face où un nouveau voisin et sa fille se sont récemment installés. Persuadée d'avoir assisté à un meurtre mais en butte à l'incrédulité de son entourage, Anna décide, entre deux verres de rouge, de mener l'enquête.

Avec sa bande-annonce commençant comme un thriller psychologique classique qui, à force d'exagération jusqu'à son titre à rallonge annonçant la couleur, partait peu à peu en vrille, on était en droit d'attendre de cette minisérie une grosse parodie de films récents où on l'on retrouve les mêmes éléments récurrents: une femme témoin d'un meurtre, ou la disparition d'une autre femme, ce qui met en branle une enquête tordue où la protagoniste ou la victime pourrait bien se révéler une meurtrière machiavélique, à moins que ce ne soit l'inverse. Il y avait matière mais la parodie ou le pastiche sont des genres difficiles à maîtriser, surtout sur la longueur, et le choix de ne pas en faire un film (ou un simple sketch) mais carrément une minisérie était donc risqué. Dans A Touch of Cloth, Charlie Brooker s'en était relativement bien tiré sur trois saisons de trois épisodes à l'humour très ZAZ mais on en a ici huit et malgré une durée d'une vingtaine de minutes chacun, on comprend vite que cela va être trop.

Pas d'enchaînement de gags ici même s'il y a quelques détails amusants comme le saladier à bouchons de bouteille, certains passages sont délibérément absurdes (la journée de visite au boulot des parents, notamment) et l'on pousse au maximum certains motifs habituels du genre comme la fragilité psychologique de l'héroïne, l'esthétique générale de la banlieue cossue ou la narration pseudo-profonde. Mais tout cela est dilué, perdu au milieu de scènes beaucoup plus premier degré ou qui en tout cas ne soulignent pas assez les clichés utilisés pour en faire quelque chose de vraiment décalé. De ce fait, on ne sait pas, parfois, si l'on doit au moins sourire à certaines répliques mais que celles-ci sont tombées à plat ou si elles n'ont en fait jamais eu l'ambition d'amuser. Le choix du format discutable culmine comme il se doit dans le dernier épisode dont le dénouement a lieu très vite (au terme d'une baston qui vaut le coup d’œil) pour que l'on enchaîne avec un bon quart d'heure lénifiant, dont on attend du coup qu'avec toute cette préparation il débouche sur un twist... Ce qui n'est pas vraiment le cas bien que l'on relance vers une éventuelle nouvelle aventure, avec un caméo de luxe.

Il y a tout de même quelques petits passages qui font mouche et le casting est loin d'être à la ramasse, Kristen Bell en tête. Tout le monde a le bon goût de jouer sérieusement même quand on prête aux personnages les actions et les raisonnements les plus à l'ouest et si certains retournements de situation sont vite éventés (comme celui concernant la fille d'Anna même si l'on ne fait pas durer longtemps le suspense) il y en a quelques-uns en réserve d'un peu plus inattendus. Cependant, malgré la bonne volonté de tout le monde, cela ne suffit pas à rendre cette minisérie plus drôle.

De qui venait la décision d'étaler ainsi l'intrigue sur huit épisodes pour presque 4 heures de programme là où deux auraient amplement suffit? Des scénaristes ou de Netflix? Et si cela venait des scénaristes, était-on obligé de leur laisser carte blanche? Le fonctionnement du service de streaming n'est pas toujours très clair et l'on a là un exemple d'une œuvre qui aurait pu être meilleure si en amont on l'avait orienté sur des rails plus appropriés au lieu de l'étirer au-delà du raisonnable.

Il y avait matière à une bonne tranche de rigolade à base de détournement de clichés mais La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre ne pousse pas suffisamment le délire pour être une franche parodie tout en étant trop ridicule pour tenir en tant que série policière sérieuse. En résulte un objet bâtard, pas forcément déplaisant à regarder mais guère convaincant.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 30 Janvier 2022, 18:50bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".