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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Johnny Guitar
Johnny Logan accepte un emploi de guitariste dans le saloon tenu par Vienna, qu'il a connu autrefois. À peine arrivé, il découvre son ancienne compagne en butte à l'hostilité du voisinage, mené par Emma Small qui l'accuse d'être complice du Dancin' Kid et de sa bande, qu'elle rend responsable de la mort de son frère. Vienna n'a cependant pas l'intention de se laisser faire.

La première fois que j'ai vu Johnny Guitar, j'étais encore pré-adolescente et le western de Nicholas Ray était précédé d'une petite présentation de je ne saurais dire qui. Il faudrait retrouver à l'occasion de quelle diffusion à la télévision le film avait été enregistré et ça importe peu dans cette histoire. La raison pour laquelle j'en parle est qu'au cours de cette présentation, le monsieur évoquait la scène où Joan Crawford jouait du piano en robe blanche et ne connaissant alors pas l'actrice, j'avais compris "John Crawford" et je m'étais alors dit que la vache, il allait être bizarre le film. Le malentendu fut vite dissipé, mais Johnny Guitar n'en reste pas moins un western atypique au moins pour son époque et précisément pourrait-on dire, parce que c'est de Joan qu'il s'agit et non John.

En effet, celle-ci et Mercedes McCambridge (qui marquera vocalement les mémoires des années plus tard dans la VO de L'Exorciste) héritent de rôles traditionnellement dévolus aux hommes. Vienna dirige un saloon et porte un pantalon (sauf donc, dans la scène du piano), Emma est une propriétaire écoutée de ses concitoyens et leur autorité à chacune, pour le meilleur pour le pire, n'est pas contesté par leur entourage. Aussi terrible que soit le personnage d'Emma, il est notable qu'aucun des hommes avec qui elle interagit, y compris le marshal plus raisonnable et moins prompt à rendre une "justice" expéditive, ne la traite d'hystérique ou équivalent. Le film peut bien porter le sobriquet du personnage masculin joué par Sterling Hayden, celui-ci est plus une présence tranquille qui vient en aide à Vienna que le héros malgré sa dégaine de cow-boy chantant solitaire. Il doit d'ailleurs se contenter de se bagarrer avec un personnage secondaire incarné par Ernest Borgnine tandis que l'honneur du duel final revient aux deux femmes, on ne peut s'y tromper.

Le film est souvent vu comme une critique du maccarthysme qui sévissait alors (Sterling Hayden avait d'ailleurs été inquiété et interrogé pour une brève appartenance au parti communiste) et avec sa foule bien prompte à lyncher qui on lui désigne comme indésirable, il y a évidemment de quoi faire un parallèle bien qu'explicitement, on en revient toujours au conflit entre éleveurs bien implantés contre des colons et fermiers plus récemment installés (Vienna a choisi l'emplacement de son saloon pour sa voie ferrée en cours de construction, promettant une nouvelle clientèle). L'antagonisme entre Emma et Vienna prend racine à plusieurs sources même si c'est la rivalité amoureuse qu'on ressent surtout du côté d'une Emma pour le moins frustrée.

Le film tire beaucoup sur la corde du romantisme à travers le thème principal de Victor Young, les beaux plans en technicolor et surtout la relation qui se dévoile peu à peu entre Vienna et Johnny mais les scènes de tension tiennent toutes leurs promesses (le sort du pauvre Turkey auquel Vienna échappe de peu, la fusillade finale). Je ne suis guère fan de Joan Crawford (je connais toutefois peu sa filmographie et on entre surtout dans le domaine du ressenti physique plus que dans la critique du jeu d'actrice) mais elle est impeccable en tenancière de saloon têtue mais pragmatique tandis qu'en face d'elle Mercedes McCambridge campe une méchante mémorable, un peu outrancière peut-être mais le rôle y incitait, tandis que Sterling Hayden en impose sans effort apparent. On croise aussi les habitués du genre, John Carradine, Ward Bond (qui s'imaginait camper un personnage sympathique, parait-il, mais il était pote avec MacCarthy) et donc Ernest Borgnine, précédemment cité.

Johnny Guitar est-il un western féministe? On pourra arguer qu'il n'est guère question de sororité dans cette histoire, bien au contraire, mais il est indéniable que les personnages féminins tiennent ici le haut du pavé et mènent ouvertement la danse sans que cela paraisse incongru ou démonstratif. Ce n'est pas le seul point d'intérêt de ce beau film mais c'est probablement le plus remarquable.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 11 Octobre 2021, 17:54bouillonnant dans le chaudron "Films".