Le jeune roi Alroy se meurt et son jumeau Javan quitte le monastère où il étudiait pour lui succéder. Ce n'est pas au goût des membres de son conseil qui aurait préféré voir sur le trône son jeune frère Rhys Michael, plus influençable. Malgré ses pouvoirs et l'aide de fidèles sujets, Javan arrivera-t-il à faire arrêter les persécutions envers les Derynis?

Comme pour le précédent tome, pendant les premières pages, j'ai eu bon espoir que cette fois-ci, ça y était, ce cycle allait enfin vraiment décoller. Moins de Joram et compagnie, on se concentre principalement sur la cour, un vrai panier de crabes où Javan a beau être roi, il pourrait vite être éliminé par ses proches conseillers s'il ne joue pas finement sa partie. Et comme on a lu le titre du bouquin et que l'on sait, préquelle oblige, que les Derynis ne vont pas revenir en grâce de sitôt, il y a déjà un petit parfum de tragédie face aux efforts condamnés d'avance du héros. Héros qui se montre tout de même bien habile lors du premier round lorsque ses ennemis essaient de l'écarter du pouvoir.

Malheureusement, cela se tasse vite et l'on retombe dans les travers habituels. C'est très manichéen, avec un Javan parfait et ses serviteurs d'une dévotion à toutes épreuves d'un côté, les méchants prêts à tous les coups bas de l'autre. Si certains développements sont inattendus (ça tape fort et sans vraiment prévenir à la toute fin), on a droit à des scènes où les vilains complotent et annoncent leurs plans, ce qui rend assez peu surprenants les moments où lesdits plans sont exécutés. Même quand les héros sont avertis, ils sautent d'ailleurs à pied joints dans les traquenards(on n'a pas l'air de savoir si Rhys Michael est un ahuri complet ou non) et sont bien trop passifs plutôt que de s'abaisser au niveau de leurs adversaires, ah non alors! Trop de choses sont amenées au travers de discussions plutôt que d'actions, et parfois de manière très maladroite. Mark Festil se rappelle ainsi à notre souvenir (je doute que Kurtz arrivera à en faire quelque chose d'intéressant mais sait-on jamais) lorsqu'il accompagne incognito le prince du pays voisin où il est en exil au couronnement de Javan: on nous dit ainsi que Marek de Torenth est en fait Mark Festil, une révélation qui aurait été percutante si Marek de Torenth avait été un personnage qu'on avait un peu suivi avant sans savoir de qui il s'agissait vraiment. Or, on n'en a pas entendu parler avant. Je n'étais pas plus fan d'Evaine que des autres personnages mais au moins elle était là, dans ce tome les femmes sont justes des beaux partis qui défilent devant les princes et basta.

Ce n'est donc pas encore cette fois que ce cycle va atteindre son potentiel. Parce qu'il y en a, l'univers et les thèmes n'étant pas sans intérêt, mais ces personnages figés et la platitude à laquelle tout s'enchaîne alors qu'on assiste à des événements qui devraient être déchirants plombent toute émotion.