Des ranchs dont les habitants vivent avec la menace de raid planant au-dessus de leur tête, des Cheyennes désireux de conserver leurs traditions alors que la Seconde Guerre Mondiale se profile, un pied-tendre rêvant de défaire en duel le hors-la-loi qui l'a agressé... Onze nouvelles sur l'Ouest américain se déroulant avant, pendant et après sa conquête.

Plusieurs nouvelles de Dorothy M. Johnson ont été portées à l'écran avec des résultats mémorables. Ce recueil en contient deux, et pas des moindres: L'Homme qui tua Liberty Valance et Un Homme nommé Cheval. D'une vingtaine de pages chacune, elles sont naturellement plus concises que les adaptations mais également un peu plus acides.

Les neuf autres histoires ne sont pas à négliger. Que l'on suive le point de vue des colons ou des autochtones, la plupart d'entre elles tournent autour de la confrontation entre différentes cultures mais aussi, tout autant, d'intégration à un mode de vie: que ce soit les deux jeunes filles du récit d'ouverture, Flamme sur la Plaine, qui vont suivre chacune leur route après avoir été enlevées par des Sioux ou l'histoire du Dogie Kid dans Après la plaine qui prouve qu'il n'est pas un bon à rien. La nouvelle L'Incroyant n'est pas dépourvue d'humour noir avec son éclaireur se pensant plus malin que sa tribu d'adoption pour découvrir que celle-ci à ses propres projets le concernant. Cicatrices d'honneur et Et toujours se moquer du danger se détachent du lot car elles se déroulent au XXe siècle, quelques décennies après Little Big Horn. Dans la première, un vétéran cheyenne de la célèbre bataille va initier des jeunes gens de son peuple à des traditions qu'il est le seul encore en vie à avoir pratiqué et dans la deuxième, une vieille femme re-imagine sa romance avortée avec un bandit de grand chemin. Quant à L'Exil d'un Guerrier, c'est un vrai récit d'aventure dans lequel un Apsaruke malchanceux tente le tout pour le tout pour mettre fin à sa guigne.

Il n'y a pas de points faibles dans cette anthologie, toutes les histoires sont claires, percutantes et souvent teintées d'ironie. Dorothy M. Johnson prouve avec une parfaite maîtrise qu'elle n'a pas son pareil pour évoquer une époque disparue de manière extrêmement vivace.