Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sanditon
Charlotte Heywood accepte de passer quelques jours dans la famille Parker, à Sanditon, au bord de la mer. Elle y découvre Lady Denham, qui avec Mr Parker tente de promouvoir la ville, et une compagnie de personnes venues comme elle respirer l'air marin. Dont Sidney Parker, le frère de son hôte.

Il est difficile de considérer Sanditon comme un roman de Jane Austen, puisqu'elle en a écrit moins de douze chapitres, à peine un petit quart, complété dans les années 70 par "une autre dame", Marie Dobbs de son vrai nom. Le manuscrit original présente les principaux personnages et la situation de départ, mais Austen n'a laissé aucune indication pour la suite. Impossible donc de deviner ce qu'elle avait en tête bien que Dobbs, à partir des précédentes œuvres et des informations livrées dans les premiers chapitres, donne à penser comme évident que Charlotte et Sidney sont destinés à être ensemble: il est vrai que les héroïnes de Jane Austen se marient toujours à la fin et que Sidney est ici, pour le peu que l'on voit, le seul parti vraiment intéressant.

Sur le fond, cette version complétée de Sanditon est en grande partie un travail d'imagination de Dobbs, et certains rebondissements ont de quoi faire tiquer, tout comme la personnalité de Sidney. S'il a un esprit qui n'est pas sans rappeler Henry Tilney, il régente bien trop la vie de son entourage et les manipule pour arriver à ses fins d'une manière fort peu austenienne. Austen ne l'aurait certainement pas laissé aller aussi loin, même pour une bonne cause, ou lui aurait donné une leçon pour qu'il agisse à l'avenir avec plus de franchise. Du coup, Charlotte n'est pas aisée à cerner ou même mémorable: présentée comme raisonnable et observatrice, elle se laisse également berner par Sidney sans trop lui en tenir rigueur une fois qu'elle comprend ce qu'il essaie de faire, et tout est bien qui finit bien. En revanche, les personnages secondaires sont bien croqués malgré un trait parfois trop appuyés et la peinture d'une station balnéaire naissante au début du XIXe change de l'ordinaire.

Pour ce qui est du style, l'ayant lu en français je ne peux pas dire si le pastiche de Dobbs est à la hauteur ou si la traduction a pu gommer les éventuelles différences. Quoiqu'il en soit, si Marie Dobbs n'avait pas indiqué en postface où s'en était arrêtée Jane Austen, je ne l'aurais probablement pas deviné. Tout au plus ai-je tiqué devant le seul emploi des prénoms pour certains personnages qui ne sont pas de la famille de l'héroïne, ce qui ne me semblait pas être l'usage sous la plume originale.

Le résultat, en lui-même, est donc plutôt sympathique mais on ne peut se défaire de l'impression que malgré l'amorce cela ne peut pas être, de près ou de loin, ce que Jane Austen avait en tête. Cela reste avant tout le roman de Marie Dobbs, et ce n'est déjà pas mal.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 21 Septembre 2018, 16:42bouillonnant dans le chaudron "Littérature".