Le Charisma, ferry de seconde zone, accomplit un énième voyage de la Suède à la Finlande, transportant une foule désireuse de s'amuser un peu et se changer les idées. Le trajet va tourner à la catastrophe quand un prédateur s'attaque aux passagers et à l'équipage.

À en croire la couverture du roman publié chez Bragelonne, ce dernier a fait sensation en Suède et on peut comprendre pourquoi car il est plutôt efficace: le huis-clos en pleine mer est un bon moyen de faire monter la tension: les personnages sont isolés et ne peuvent pas compter sur des secours, mais en même temps arriver à terre sans que la menace soit vaincue ne ferait qu'aggraver la situation. La menace, puisqu'on en parle, est peu originale, ce qui est un peu dommage, mais si Strandberg n'invente pas la poudre et n'apporte rien à la mythologie, cela fait le job.

Le roman vaut surtout pour sa galerie de personnages plus ou moins héroïque une fois plongés dans l'horreur, avec bien sûr le sale type de service qui va en profiter, et par la peinture de la vie à bord, où l'aspect voyage entre amis ou en famille cache souvent une réalité plus sordide. Il est dommage cependant que tout ne soit pas exploité (Mårten souffre de dépression mais ce n'est jamais carrément dit et on a un peu l'impression à la fin qu'il n'a pas droit à une grande indulgence de la part de son entourage mais aussi de l'auteur. Montrer que son état à un impact sur ses proches qui s'éloignent de lui est réaliste, mais on en reste là alors qu'il y avait peut-être mieux à faire).

Malgré tout, l'histoire est suffisamment bien menée pour tenir en haleine, même si elle n'est pas non plus suffisamment terrifiante pour marquer durablement.