Emmeline "Lucia" Lucas et son ami Georgie viennent passer l'été dans le joli village de Tilling. Ils louent pour l'occasion la demeure d'Elizabeth Mapp, une vieille fille fouineuse qui a pour habitude de régenter le voisinage. Lucia, de son côté, a l'ambition de devenir une figure importante de la société de Tilling et bientôt, une rivalité s'installe entre les deux femmes, qui promet un été agité pour tout le monde.

Mapp and Lucia est l'adaptation par Steve Pemberton pour la BBC d'une série de romans de E.F Benson, déjà transposée sur Channel 4 dans les années 80. Hélas, cette nouvelle version n'a pas obtenu de très bonnes audiences. Je ne jugerai pas de la qualité du travail d'adaptation, ne connaissant pas l’œuvre de base, mais ces trois épisodes étaient tout de même bien sympathiques. Il faut un peu de temps pour que la rivalité éclate et le premier épisode souffre d'une mise en place un brin longuette, mais le résultat est très amusant. J'ai eu peur un instant que cette série me fasse le même effet que Jeeves and Wooster: charmant par petites portions mais dont les personnages donnent des envies de meurtre si on dépasse la dose prescrite. On retrouve dans Mapp and Lucia cette ambiance typiquement british, la campagne anglaise des années 30 et des personnages qui, bien que d'un milieu moins huppé, n'ont pas de difficultés pour finir le mois, mais leur superficialité est moins agaçante.

Le village de Rye, qui a servi de décor, donne envie d'y passer quelques jours pour se reposer et y flâner et les acteurs sont délicieux, en premier lieu Miranda Richardson et Anna Chancellor qui se livrent à un beau duel de garces, devant une galerie de personnages hauts en couleur comme Georgie, incarné par Steve Pemberton lui-même, ou le major alcoolique revenu des Indes de service joué par son vieux complice Mark Gatiss.

Mapp et Lucia, malgré leurs différences (Mapp est une vieille fille de la campagne tandis que Lucia est une veuve évoluant dans le grand monde - ou en donnant l'impression -, Mapp collectionne des bibelots de mauvais goûts tandis que Lucia est une pianiste chevronnée parlant italien - ou cherche à le faire croire) mais ne rêvent que d'être la reine des abeilles et donner le la, se disputant les faveurs de leur entourage. Mapp peut être au départ plus antipathique, à fouiner partout et essayer de discréditer son adversaire quand Lucia ne demande qu'à en mettre plein la vue mais finalement, Mapp se révèle plus pathétique et presque touchante.

Si Lucia sort toujours gagnante de leurs affrontements, les dernières minutes laissent espérer un combat plus équilibré. En l'absence d'une deuxième saison, cela fait une conclusion satisfaisante à trois épisodes très agréables, à défaut d'être hilarants.