Glasgow 1982. Paddy Meehan partage sa vie entre son métier de "garçon de course" au Daily News où l'ensemble très masculin de la rédaction ne la prend pas au sérieux - quand on la remarque - et sa famille qui ne comprend pas ses ambitions professionnelles et attend d'elle qu'elle soit une bonne épouse et mère catholique. Quand un jeune garçon est retrouvé mort, elle voit l'occasion d'écrire un papier qui la fera monter en grade, inconsciente des risques qu'elle court.

J'ai eu la bonne idée de regarder cette adaptation du Champ du Sang de Denise Mina dans la foulée de ma lecture. Car même si l'histoire est simple à suivre, au début, les accents épais, sans sous-titre, demandent un temps d'adaptation. Le format, deux épisodes d'une heure, est un peu bref pour retranscrire tout ce qui fait l'intérêt du roman, et si certains changements sont bien amenés (le personnage d'Heather un peu plus présente en première partie) d'autres m'ont paru superflu, comme le fait que les noms de certains personnages soient différents du papier à l'écran. Si l'ambiance des années 80 est bien rendue, l'histoire a été décalée d'un an et on a du coup supprimé pas mal du contexte historique pour se concentrer sur l'enquête et comment Paddy en est affectée.

De ce côté-là d'ailleurs, rien à redire, l'enquête avance sans être révolutionnaire, mais après tout l'héroïne est une très jeune journaliste débutante, pas Sherlock Holmes, et on peut comprendre qu'elle ne voit pas tout venir à l'avance et commette des boulettes. Pour l'interpréter, Jayd Johnson est très convaincante pour ce qui est de son jeu, mais physiquement, même si elle n'est pas filiforme et qu'on a vu des gens complexer sur leur poids et faire un régime pour moins que ça, il est un peu étrange de voir son entourage la qualifier de "grosse" comme si c'était le premier adjectif qui venait en tête pour la décrire. Le reste du casting est de premier choix, avec un Jonas Armstrong loin de son Robin des Bois de la série BBC, David Morrissey en rédac chef et Peter Capaldi en épave qui va néanmoins prendre Paddy sous son aile à partir du deuxième épisode. Le reste de la distribution n'est pas très connue mais on a droit à une jolie collection de gueules.

Un peu trop expéditif pour être mémorable (on aurait pu y consacrer trois épisodes, certes avec un rythme plus lent mais c'est la mode), mais suffisamment bien fait pour qu'on ait au final une adaptation honorable.