L'inspecteur Palatazin traque sans relâche le Cafard, tueur en série qui sévit à Los Angeles. Bientôt, il soupçonne le meurtrier de ne pas être le plus grand danger pour les habitants de la ville. Une menace qui fait remonter ses souvenirs d'enfance en Hongrie est sur le point de s'abattre sur la cité.

Dans Le mystère du lac apparait un personnage de fou du village qui explique au héros son traumatisme par le fait qu'aspirant-auteur, il avait écrit un roman ambitieux, profond et personnel mais que des éditeurs opportunistes l'avaient poussé à le modifier pour inclure de la violence racoleuse. Je ne crois pas que Robert McCammon, comme ce personnage, passe sa vie complètement à poil mais ayant lu et adoré le livre cité plus haut avant les autres, plus j'avance dans sa bibliographie, plus je me demande s'il n'a pas mis un peu de lui-même dans cette triste histoire.

En effet, hors Le mystère du lac, roman de formation plus tourné vers le réalisme magique que l'épouvante, McCammon a surtout utilisé des figures classiques de l'horreur face à des héros assez stéréotypés où l'on donne la part belle à un gore pas non plus trop sadique et quelques scènes de sexe pour pimenter. Pour autant, on n'est pas dans du bas de gamme crapoteux mais règne toujours un petit sentiment de déception face à des récits qui ne se démarquent pas du lot. Pourtant, l'auteur voit ici les choses à grande échelle. Ses vampires sont tout ce qu'il y a de plus classique, craignant les croix, l'ail et la lumière du jour mais leur chef a un plan très ambitieux et la ville de Los Angeles est ici complètement ravagée. On se demande d'ailleurs comment les prédateurs nocturnes n'ont pas pris plus rapidement le pouvoir s'ils conservent déjà des fiefs dans des coins reculés et rencontrent peu de résistance.

Une résistance tout de même incarnée par une poignée de personnages: un vieux flic qui a eu affaire aux vampires dans son enfance, un prêtre mourant, un comédien en pleine ascension et un jeune fan de films d'horreur. Il faudra attendre le dernier chapitre pour que la journaliste Gayle Clarke se montre enfin utile dans un affrontement en forme de coda et l'on peut regretter que Solange, dont on met en valeur les pouvoirs vaudou, soit on ne sait trop pourquoi capable d'offrir un outil de protection à son mec sans être capable d'en faire autant pour elle-même. Le roman offre de beaux passages comme l'avancée vers l'église dans la tempête de sable mais il est plus réussi quand il montre l'expansion insidieuse des vampires que lorsque ceux-ci s'en donnent ouvertement à cœur joie.

Ce Los Angeles où l'on passe des villas de stars aux ghettos latinos est un terrain de jeu propice pour les créatures et le roman est prenant tout en n'échappant pas aux clichés avec un petit parfum années 80. On s'étonne d'ailleurs qu'il n'ait pas servi de base à une série télévisée tant on sent le potentiel pour être adapté et développé.