Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Meurtre dans un jardin anglais
En 1694, Mrs Herbert, épouse d'un riche propriétaire, charge en l'absence de son mari le peintre-paysagiste Neville d'effectuer douze dessins de son domaine, en échange d'une forte somme d'argent et de ses faveurs. Neville accepte ce contrat qu'il pense avantageux mais alors que son travail progresse, il réalise qu'il n'est qu'un élément d'un plan machiavélique.

Drôle de film en costumes que celui-ci. À l'instar des dessins de Neville, reproductions fidèles des jardins et de l'extérieur de la demeure des Herbert qui peu à peu incorporent des objets imprévus et révélateurs que quelque chose de suspect se trame, Meurtre dans un jardin anglais se donne des airs de reconstitution soignée de l'Angleterre des Stuart pour se révéler bien moins académique. La scène d'ouverture en clair-obscur donne le ton alors que les personnages principaux bavardent lors d'une réception, persiflant, mettant au point diverses tractations. Neville se détache immédiatement des autres hommes, relativement moins apprêté, et montre qu'il n'appartient pas au même milieu, ce qui ne le rend pas moins arrogant que le reste de la compagnie.

C'est ainsi qu'il va accepter le marché proposé par Mrs Herbert, en dictant ses conditions, à la fois pour dessiner mais pour se faire payer ses dessins. Peu à peu cependant, on comprend que son contrôle n'est qu'apparence. Lorsqu'il réalisera qu'il n'est pas celui qui mène le bal, il sera trop tard mais il n'aura pas l'humilité nécessaire pour éviter le piège qui s'annonce. Comme le titre français l'indique, il y a un meurtre et forcément, on se demande qui l'a commis. Si la vérité se discerne, elle le fait sans exposition des coupables par un fin limier (il m'a d'ailleurs fallu vérifier si j'avais bien compris ce qu'il y avait à comprendre). Pour ajouter à la bizarrerie de l'ensemble, ajoutons un personnage de "statue vivante" qui se déplace au milieu de l'intrigue, témoin ignoré que l'on prendrait presque pour un fantôme ou un fantasme s'il n'était pas remarqué occasionnellement par d'autres personnages. Sans qu'aucune explication ne soit fournie: fou du village, excentricité entretenue par le propriétaire des lieux, mystère.

Peter Greenaway profite de son thème pour livrer une œuvre à l'esthétique recherchée: les plans sont millimétrés avec une minutie reflétant celle du personnage principal et il offre des vues superbes des jardins de la demeure des Herbert. On bénéficie d'un temps idéal, au point que lorsqu'un nuage passe, il n'en est que plus signifiant. Michael Nyman signe une bande originale qui pastiche Purcell mais mon oreille semblait me trahir, les sonorités me paraissant trop synthétiques (au point de penser à Rondo Veneziano par moment. Patapé). Apparemment, il a intégré des saxophones à l'ensemble, ce qui explique cette sensation d'anachronisme qui participe au discret décalage de la reconstitution. Tout comme les costumes qui semblent pousser jusqu'à l'absurde la mode déjà extravagante de la fin du XVIIe siècle (La Favorite y a probablement piqué ces tenues blanches hallucinantes).

Comme souvent dans les productions en costume britanniques, le casting est avant tout composé d'interprètes familiers des planches et le jeu est très théâtral, ce qui ne fait que souligner à quel point tout n'est ici que mise en scène. Le summum est atteint avec les jumeaux qui s'expriment exactement comme la paire d'acteurs cabotins de la saison 3 de Blackadder. Anthony Higgins tient pour une fois la tête d'affiche, régulier du petit et grand écran mais qui est peut-être surtout associé à Le Secret de la Pyramide. Le visage le plus connu, dissimulé sous une bonne couche de fard et une perruque démente, est certainement Hugh Fraser, le Hastings de Poirot qui joue ici le plus dupe de tous les personnages.

Incongruité dans un genre qui se divise souvent entre académisme un peu coincé et délire ouvertement punk, Meurtre dans un jardin anglais exerce une fascination inconfortable par l'entremise d'un scénario pervers mis en image avec une élégance de tous les instants.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 3 Mars 2025, 17:26bouillonnant dans le chaudron "Films".