Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Trois Amazones
--> Le Cycle du Trillium 1
Le paisible et prospère royaume du Ruwenda est envahi par son belliqueux voisin, le Labornok, dirigé par le roi Voltrik et son sinistre sorcier, Orogastus. Filles des monarques assassinés, les princesses Haramis, Kadiya et Anigel doivent fuir, chacune chargée d'une quête qui les conduira vers un précieux talisman susceptible de rétablir la paix dans la contrée.

Il est des livres dans lesquels il peut être difficile d'entrer mais qui une fois qu'on est plongé dedans offrent de fabuleuses récompenses en échange d'un petit effort: il m'a ainsi fallu plusieurs faux départs avant de lire d'un bout à l'autre Le Seigneur des Anneaux et Le Nom de la Rose et en retirer de merveilleux moments de lecture. Et il est des livres que vous avez du mal à terminer tout simplement parce qu'ils ne sont pas palpitants. Lorsque j'étais au collège, j'ai ainsi dû emprunter deux ou trois fois Les Trois Amazones à la bibliothèque, car il y avait au premier abord de quoi me plaire et je n'en avais jamais franchi le quart, jusqu'à ce jour où je me suis dit que j'avais grandi, que j'allais lui donner une nouvelle chance, histoire de découvrir avec le recul un bouquin sympa ou au moins d'en avoir le cœur net. Je puis mourir avec le sentiment du devoir accompli, je sais désormais que si je calais systématiquement autrefois c'est parce que ce n'était pas terrible, pas parce que c'était ardu ou demandait simplement un peu de patience avant de décoller.

Pourtant, l'idée de départ, non pas du roman lui-même mais de sa conception, était sympathique: trois romancières de fantasy (oui, Julian May et André Norton sont des femmes, ce que j'ignorais lors de mes premières tentatives) s'allient pour conter les aventures de trois princesses, chacune se chargeant des chapitres d'une héroïne différente, tandis que ceux mêlant les trio sont écrits à six mains. J'ai lu un livre de Zimmer Bradley qui pour dire le moins ne m'avait pas convaincue, je ne connais pas les deux autres mais on ne sent aucune disparité au niveau du style en passant d'un chapitre à l'autre. Cette homogénéité a un revers: tout est lisse, fade et niais d'un bout à l'autre. Certes, on semble délibérément être dans un conte, très manichéen, mais cette naïveté exaspère, d'autant qu'on ne vise pas vraiment un public très jeune. Les princesses sont archétypales à souhait: la brune intellectuelle mais arrogante, la rousse au tempérament de feu qui aime les activités physiques, la blonde douce et craintive. Chacune va devoir surmonter ses travers au cours de son périple, les prévient-on très vite. Mais Anigel devient courageuse en buvant une potion très tôt, l'impulsivité de Kadiya ne lui cause aucun dommage durable, pas plus qu'à ses alliés, et Haramis va reconnaître à la fin que les sœurs qu'elle prenait de haut sont finalement dégourdies et dignes de son admiration, voilà pour leur évolution.

Quant au camp adverse, on devine dès sa première réplique que le prince Antar va changer d'allégeance puisqu'il montre d'entrée qu'il est chevaleresque, Voltrik est une brute sans intérêt et Zimmer Bradley essaie de monter une relation ambiguë entre Orogastus et Haramis sans y consacrer du temps et rien n'est crédible (Haramis répond presque sans hésitation à son invitation, un peu comme si Luke allait voir Vador dans L'Empire contre-attaque parce que celui-ci lui proposait de consulter sa bibliothèque pleine de livres intéressants sur la Force; elle aurait cependant tort de se priver puisqu'il ne cherche pas à la retenir de force. Aucun risque de trouver cet antagoniste impressionnant).

On essaie au moins de mettre en place une faune et une flore un peu originales au lieu de nous sortir des Elfes et des Orcs mais on se retrouve avec des phrases du type "le Bidule avait la taille d'une feuille de Truc", c'est évocateur, y'a pas à dire.

Alors certes, paru en 1990 de la plume d'autrices qui n'étaient pas de nouvelles voix du genre, on peut dire que le roman accuse son âge. Cependant même à l'époque on proposait des intrigues plus ambitieuses ou à défaut d'originalité, La Belgariade ou La Trilogie des Joyaux avaient par exemple un humour caractéristique pour se singulariser. On peut donc faire l'impasse, puisque cette naïveté n'a pas convaincue la jeune lectrice que j'étais alors et ne dégage pas davantage d'intérêt pour la lectrice que je suis aujourd'hui. Autant dire que je ne jetterai pas un œil aux suites écrites cette fois en solitaire par les trois coautrices.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 1 Septembre 2025, 09:56bouillonnant dans le chaudron "Fantasy".