Eraste est amoureux d'Orphise mais hélas, le père de celle-ci ne veut rien entendre. Le jeune marquis, décidé à lui demander tout de même sa main, se rend chez elle mais croise en chemin des importuns qui lui tiennent la jambe.

Lorsque j'ai parlé du Médecin volant j'ai évoqué le fait que lire au collège du Molière ne me décrochait pas un sourire mais qu'assister à une représentation théâtrale d'une de ses pièces m'avait à chaque fois permis de bien m'amuser. Les Fâcheux souffre particulièrement de n'être découvert qu'à l'écrit. En effet, il s'agit d'une comédie-ballet représentée à Vaux-le-Vicomte lors des fameuses fêtes organisées par Fouquet en l'honneur de Louis XIV qui scelleront son sort.

Cette fois-ci, le texte est en vers, précédé d'un prologue allégorique écrit par Paul Pellisson. Les lecteurs du Vicomte de Bragelonne se souviendront qu'il en est question dans l'un des innombrables chapitres du livre tandis que Porthos n'est pas sans devenir source d'inspiration pour Molière. Ce prologue allégorique qui fait intervenir des créatures mythologiques vise à exalter la personne de Louis XIV, une habitude que l'on trouvera dans les tragédies lyriques de l'époque signées Lully, qui a ici composé la musique et qui continuera de s'associer à Molière par la suite.

On y perd donc; de la même manière que lire le scénario d'une comédie musicale n'est pas forcément dépourvu d'intérêt mais Chantons sous la pluie sans les chansons et les claquettes, ce n'est pas vraiment la même expérience. L'intrigue quant à elle est bien mince et n'est que prétexte à faire se croiser la route d'Éraste et d'une bande de fâcheux, chacun lui faisant perdre son temps alors qu'il ne veut se laisser distraire de son objectif. C'est évidemment l'occasion de constater que certains comportements humains traversent les siècles et que ceux brocardés par Molière amuse toujours car on y reconnait des expériences vécues: peu importe si l'on ne va pas au théâtre ou à l'opéra, l'enquiquineur qui parle fort pendant le film, qui révèle ce qu'il va se passer et qui s'en va avant la fin en dérangeant tout le monde, on a eu affaire à lui, tout comme on n'a pas forcément de passionné de chasse dans son entourage mais quelqu'un qui nous entretient de ses loisirs au moment où l'on est pressé, on y a eu droit.

Les Fâcheux est construit en trois actes très courts et ne prétend pas aller plus loin qu'égratigner les importuns de tout poil que l'on peut côtoyer. Il ne faut pas en attendre plus d'un divertissement léger donné au cours d'une réception qui l'était beaucoup moins.