Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Cercle
Grâce à son amie Annie, Mae rejoint Le Cercle, une puissante compagnie qui règne sur internet. Alors que Mae s'enthousiasme pour son nouveau travail et le campus tout confort dont il est le cadre, l'entreprise se fait de plus en plus intrusive, dans sa vie mais également dans les programmes proposés aux usagers.

Publié en 2013, Le Cercle de Dave Eggers était bien dans l'air du temps, à l'heure où Google ou Apple étaient bien implantés dans le paysage et où les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter étaient encore en plein essor. Douze ans plus tard, le roman n'a pas été ringardisé dans la technologie proposée ni dans les questionnements et les inquiétudes qu'il soulève. On s'en doute, il est question des dérives liées au développement d'internet, au contrôle de l'information et de la vie des gens via tout un tas de programmes devenus indispensables ou présentés comme tels, et finalement sous couvert de transparence et de partage des savoirs, de mise en place d'une société totalitaire.

Au premier abord, Mae est un personnage principal classique, nouvelle venue dans l'entreprise que l'on va donc découvrir par ses yeux. Un regard neuf et extérieur qui devrait donc s'alarmer de ce qui peut être devenu normal pour des employés qui baignent dedans depuis des années. Néanmoins, Mae n'est pas une héroïne. Très vite, on découvre qu'elle manque gravement d'esprit critique: peu de temps après son arrivée, l'un des "Sages" de la boite présente un système de caméras microscopiques présenté comme le moyen de révéler au monde les actes criminels causés par des individus ou des régimes dictatoriaux, et ainsi contraindre les coupables potentiels de ne pas passer à l'acte: elle applaudit sans passer une seconde à envisager la dérive la plus évidente d'une telle idée. On n'a pas là un personnage qui va peu à peu ouvrir les yeux sur ce à quoi elle participe, ou au contraire une protagoniste qui va peu à peu être corrompue par le système. Il y a une certaine logique: Le Cercle s'est renseigné sur elle avant de l'engager, elle devait déjà avoir le profil du bon petit soldat et elle n'a pas déçue.

Mae est donc vite détestable mais ce n'est pas sans plaisir et une certaine fascination qu'on la suit et que l'on voit Le Cercle aller toujours plus loin dans l'intrusion, le contrôle, toujours avec un discours philanthropique, faussement bienveillant, et en même temps culpabilisant pour donner l'illusion d'un choix innocent, pour que Mae se contraigne d'abord à partager ses loisirs sur les réseaux sociaux avant de devenir "transparente" et de vivre en permanence avec une caméra embarquée. Ce qui pose évidemment la question du consentement, le sien alors qu'elle est en fait victime de coercition, celui de son entourage filmé dès qu'elle les approche, sans qu'elle comprenne qu'eux puissent avoir envie d'un jardin secret.

Certaines révélations sont prévisibles comme l'identité de Kalden, l'unité des usagers du Cercle, et pas seulement ses employés, un peu trop pratique pour les besoins de l'intrigue. La dimension satirique est en revanche réussie, on grince des dents mais on s'amuse devant le vide dans lequel se complait Mae, convaincue de faire de l'activisme qui change le monde en envoyant une émoticône fâchée à l'adresse de groupes de guérilleros ou prise dans une avalanche de like et de following. On s'étonne toutefois, devant l'afflux d'informations dont souffre parfois Mae elle-même, qu'elle ne croise pas plus de collègues en burn-out même si le sujet est abordé à travers la chute de son amie Annie.

Pessimiste et féroce, Le Cercle est une dystopie dans laquelle on adore détester Mae. Le trait est forcé (disons le tout net: amis de la subtilité, passez votre chemin), parfois répétitif comme les tâches de Mae mais qu'Eggers pointe du doigt des dérives réelles.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 2 Juillet 2025, 15:34bouillonnant dans le chaudron "Littérature".